Reanimator
		Calvez Edition : Delcourt, Collection : Mirages 2008, 110 pages ISBN : 978-2-7560-0919-3 14,95 €

Voici l'histoire d'Herbert West qui essaya de dompter la mort elle-même. Elle est racontée par son compagnon de recherches, lui-même médecin.
Tout commence à Arkham, dans le Massachussetts, à l'université du Miskatonic. Les élèves qui étudient la médecine sortent tous pour la plupart de familles aisées. Soit ils perpétuent une occupation familiale, soit ils essayent au contraire de s'en extirper par une autre voie. Mais rares sont les élèves comme Herbert West à ne pas avoir un compte en banque suffisamment fourni pour ne pas être véritablement inquiété par l'avenir. Herbet West descend d'une lignée de médecins idéalistes. Il y en a peu, il faut bien le reconnaître. Mais, dans sa famille, la médecine a toujours eu un but noble. Celui de West l'était aussi, même si les procédés demeurent ignobles, même encore aujourd'hui.

En effet, pour Hervert West, la vie n'est que la résultante de processus chimiques, électriques et mécaniques. Le concept d'âme n'est qu'un leurre édicté par les religions pour asseoir un peu plus leur pouvoir. Donc, si on part du principe que tout est science, rien n'empêche de trouver une substance à même de remettre en marche un être une fois qu'il a fini de fonctionner. C'est dans cette voie qu'Herbert West s'engagea. Rapidement, il trouva une formule qu'il essaya sur des cobayes animaux. Et cela fonctionna.il fallait donc passer à l'expérimentation humaine.

Et c'est là que les choses commencèrent à virer dans le domaine de l'horreur

Inutile de présenter H.P. Lovecraft dont Reanimator est l'adaptation de sa nouvelle Herbert West, réanimateur. Beaucoup de personnes connaissent aussi l'adaptation cinématographique qui avait été faite en 1985. Jeffrey Combs, acteur qui campe souvent des personnages dérangés, y interprétait magistralement le docteur Herbert West dans une transposition moderne et gore de la nouvelle.

Florent Calvez a préféré garder une touche un rien plus authentique dans son adaptation et garder l'époque d'origine. Cela ne change pas foncièrement les choses, hormis peut-être certaines connotations d'époque sur les personnes noires de peau.

Ce qu'on peut dire, c'est que cette adaptation, de part les choix artistiques (crayonnés, couleurs) est une vraie réussite. On plonge vraiment dans le quotidien de ces jeunes médecins qui en arrivent à faire des choses horribles sous prétexte d'une découverte de plus haut niveau. Et, au final, on en arrive à penser que West a raison : l'âme ne peut exister quand on voit les crimes qu'il commet lui-même.

Si on ajoute à cela que l'édition dans laquelle est sorti le tome est vraiment très belle, avec une jaquette cachant une belle couverture épaisse et rugueuse, on a là une bande dessinée qui ravira tous les fans de Lovecraft ou tous les amateurs de fantastique.