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Schätzing, Frank Edition : Presses de la Cité
2008, 894 pages
ISBN : 978-2-258-06775-2
23 € |
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Tout commence petitement, par des incidents, des anomalies : un banc de poissons qui empêche un pêcheur de remonter sur son canot, des vers un peu inhabituels qui colonisent le talus continental qui borde la Norvège, là où s'accumulent les hydrates de carbone, des baleines qui migrent beaucoup plus tard que d'habitude vers le Nord, et deux d'entre elles qui peu de temps après leur arrivée, prennent le temps de "dévisager" Léon Anawak. Celui-ci, pourtant de longue date amoureux des mamifères marins, a un mauvais pressentiment suite à cet "examen" qu'il lui semble avoir subi. La suite, ce sont des accidents, ou du moins ce qui semble tel au début, graves : des homards bourrés d'algue tueuse, un tsunami sur les côtes européennes, des attaques conjuguées de baleines d'espèces différentes sur des embarcations... Quitte à passer pour fou, Sigur Johanson ne peut pas s'empêcher de croire à un plan d'ensemble. L'auteur écrit vraiment de façon remarquablement efficace, que ce soit dans les moments d'action, qui justifient peut-être le classement de ce roman dans la catégorie "thriller", ou dans les moments "intermédiaires", où il arrive à communiquer à son lecteur une foule d'informations, sur le sens des courants et l'histoire de la planète, par exemple, sans jamais être ennuyeux, ni donner l'impression qu'il fait un cours ou un exposé de vulgarisation scientifique. Cela tient entre autres au fait que les personnages sont tous très intéressants, complexes, bien campés, tant et si bien qu'on a beaucoup de regret à les voir disparaître. Le seul reproche que l'on pourrait faire à quelqu'un qui par ailleurs réussit à écrire un bon roman de science-fiction, c'est d'affirmer péremptoirement que la science-fiction n'a jamais réussi à évoquer "le caractère différent des cultures étrangères". Et d'appuyer son propos de citations exclusivement cinématographiques. Or, c'est faux, et un auteur de science-fiction devrait bien le savoir : les extra-terrestres de Génocides, de Thomas Disch, ou plus récemment, de L'ogre de l'espace, de Gregory Benford, pour ne citer que ces deux romans parmi bien d'autres, sont radicalement étrangers à l'homme, et d'ailleurs incompréhensibles. D'un autre côté, cette affirmation est amusante, car l'auteur lui-même en prouve la fausseté : ses Yrr, pour n'être pas au sens strict des extra-terrestres, sont bel et bien complètement étrangers à l'homme. Cela n'enlève donc rien à l'intérêt et à l'originalité du présent roman, mais agace inutilement le lecteur qui a une culture du genre, et qui pourrait déjà s'étonner de voir cette histoire présentée comme un "thriller écologique", et donc dans une collection de littérature générale. Bien sûr, l'avantage de cette situation est que le livre sera lu par des lecteurs que la désignation SF fait habituellement fuir, et ils ne le regretteront sûrement pas, car c'est une histoire tout à fait passionnante.
Ecrite par , le 30 Avril 2008 à 19:04 dans la rubrique .
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