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Le jeu de Cuse |
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Jeschke, Wolfgang Edition : L'Atalante
2008, 640 pages
ISBN : 978-2-84172-416-1
24 € |
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Dans cette Europe très proche de nous, le réchauffement climatique en marche a jeté sur les routes des millions de réfugiés, soit que leur pays ait disparu sous les flots à cause de l'élévation des océans due à la fonte des glaces des pôles ; soit que le désert dans sa marche vers le Nord les ait privés de leur terre, comme ceux que les Romains appellent "moros". De toute façon, il n'y a de place nulle part, pour aucun d'entre eux. Et la catastrophe majeure du siècle, la dévastation nucléaire de Cattenom n'a pas fait de réfugiés, on ne sait pas trop s'il faut s'en réjouir ou le déplorer. Mais pour la botaniste Domenica Ligrina, le désastre majeur, c'est la mort de son père dans un attentat. Et, pour elle, le voyage dans le temps ne peut servir qu'à l'empêcher de mourir ; et aussi, éventuellement, à rencontrer, au XVe siècle, le cardinal Nicolas de Cuse, dont elle connaît parfaitement la vie et l'oeuvre. Or, qu'elle le sache ou pas, elle est particulièrement bien armée pour cette forme de voyage. On ne peut que trouver vraisemblable, malheureusement, le portrait que dresse Jeschke d'un monde en décomposition. Et dans ce contexte, il est probable que tout lecteur attentif de J.R.R. Tolkien s'attristera de l'usage qui est fait du terme "hobbit". Néanmoins, c'est là un roman complexe, habilement écrit, où l'on ne s'ennuie pas un instant : la façon dont l'auteur raconte quatre fois le même évènement en en changeant le sens à chaque fois, de façon subtile, est peut-être le meilleur exemple de son talent d'écrivain ! En contrepartie, ce n'est bien sûr pas un roman facile à lire, d'autant que les personnages sont tous multiples, ondoyants et attachants, comme le "multivers" évoqué, souvent de façon vertigineuse. Difficile, dur, parfois elliptique, mais probablement inoubliable.... "A l'est de Cattenom, la terre est noire jusqu'en Bohême..." est une phrase qui hante longtemps la mémoire.
Ecrite par , le 26 Mars 2008 à 15:03 dans la rubrique .
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