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L'incident Jésus

 
  Herbert, Frank & Ransom, Bill
Edition : Le Livre de Poche, Collection : Science-fiction 2008, 638 pages ISBN : 978-2-253-12398-9 7,50
 

Nef est devenue une entité, voire une déité, grâce aux efforts conjugués de l'équipage du vaisseau Terra. Elle a empêché Raja Flatterie de la détruire et elle a envoyé la nef spatiale en orbite autour d'une planète baptisée Pandore. La mission assignée par ce dieu à l'humanité est de trouver le meilleur moyen de la Vénefrer. L'histoire débute au moment où elle extirpe de son hibernateur le psychiatre-aumônier rebaptisé Raja Thomas pour l'occasion et lui ordonne de découvrir ce moyen, sinon l'humanité sera définitivement détruite. Néanmoins du temps s'est écoulé depuis que Nef a été créée, un autre équipage est aux commandes et surtout un nouveau psyo qui voit d'un très mauvais oeil l'arrivée d'un rival. Par ailleurs, il existe deux modes de vie bien distincts : l'un à bord de la nef spatiale relativement protégé et un autre côté sol qui doit se débattre contre les monstres de Pandore la bien nommée.

L'incident Jésus est le deuxième volet de la tétralogie du Programme Conscience. Dans le premier volume, il était question de création d'une intelligence artificielle, ici le sujet est la croyance et l'expression de cette dévotion. Dans cette nouvelle distribution de personnages, on découvre Morgan Oakes, dont la fonction de psychiatre-aumônier et le pouvoir n'admettent aucune remise en cause. Ce dernier n'est pas du tout décidé à céder sa place et son rôle à un remplaçant soi-disant en communication avec Nef à laquelle il refuse d'accorder le statut de divinité et donc d'obéir. Á ces côtés, on trouve également le poète, Kerro Panille, qui est un instrument prépondérant dans le dessein de Nef, un créateur de clones répondant au nom de Jésus Louis, et des femmes très importantes telles Waela TaoLini, sorte de nouvelle Marie emblématique, Hali Ekel, méditech de son état et amoureuse de Kerro et Legata, femme de tête puissante, aussi bien mentalement que physiquement. Cet ouvrage est l'histoire d'un combat qui se déroule sur plusieurs niveaux appréhensifs puisqu'il existe une lutte de pouvoir au stade humain, une lutte contre le milieu hostile que représente la planète Pandore, dont le nom prend une tournure on ne peut plus symbolique durant la lecture ainsi qu'une lutte à un degré plus intellectuel et émotionnel. Il est également question de respect de la vie et de l'utilité de détruire ce que l'on ne peut expliquer ou comprendre, d'ouverture vers l'inconnu en somme. On peut légitimement se demander si cet ouvrage fait partie des lectures de Karen Traviss, l'auteur des Guerres wess'har car les créatures qu'elle baptise Bezeri font furieusement penser aux lectrovarechs de Herbert et Ransom avec leurs moyens de communication lumineux, ainsi que la toile de fond avec cette interrogation du respect de tout forme de vie.

Cet ouvrage est très sensuel, tactile car beaucoup de choses passent par le contact direct comme la communication ou la transmission du savoir. On pourrait dire qu'il érige les sens en lieu de compréhension suprême par rapport au langage, par exemple qui est, au contraire, présenté comme une limite. Ce livre paraît contenir cette vérité profonde qui expose que pour vénérer un dieu, il faut en premier lieu se respecter soi-même, respecter les autres ainsi que toutes les formes de création de cette divinité. Il met également en exergue le fait que pour comprendre et apprécier ce que l'on a il faut vivre et connaître son contraire absolu, une sorte de violence nécessaire, histoire de pouvoir opérer une mise en perspective. Le choix délibéré de faire endosser le rôle de vecteur par un poète est des plus symboliques car il paraît essentiel de s'affranchir des contingences d'une réalité circoncise aux repères logiques pour envisager le réel dans sa globalité et non pas à l'échelle humaine ou d'une espèce. Les ouvrages d'Herbert sont des voyages en terres élévatrices alors laissez-vous transporter.

Ecrite par Sig, le 18 Mars 2008 à 10:03 dans la rubrique Roman Sf .
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