La Pluie du Siècle
		Reynolds, Alastair Edition : Presses de la Cité année 2008, 585 pages ISBN : 978-2-258-07025-7 23 €

Paris, 1959 : Floyd et Custine sont détectives privés et pour arrondir leurs fins de mois, jouent du jazz dans les clubs. Mais dans cette France où la seconde guerre mondiale n'a pas éclaté, le climat est lourd et les deux hommes, un américain naturalisé et un ancien policier reconverti, ont beaucoup de mal à joindre les deux bouts. Aussi, lorsqu'un vieux monsieur leur propose de mener une enquête sur la mort de sa jeune locataire, qu'il croit avoir été assassinée, le duo ne fait pas les difficiles et se lance sur la piste de tueurs étranges.

ProxyTerre, 2266 : la Terre a été dévastée après que la technologie humaine a échappé au contrôle de ses créateurs et a rendu le globe invivable. Les humains se sont réfugiés sur une ceinture de stations orbitales où ils se sont divisés en deux camps, les Threshers, qui refusent de réutiliser la nanotechnologie, et les Slashers qui, ayant tout perdu, ont décidé d'aller de l'avant. Verity Auger est une Trasher. Son métier, archéologue. Mais à la suite d'une mission de récupération d'antiquités sur Terre, elle est accusée de meurtre et accepte, pour éviter un procès perdu d'avance, d'accomplir une mission : sur Phobos, un tunnel a été découvert, menant vers l'intérieur d'une sphère dans laquelle se trouve un monde semblable à celui de Paris en 1959 Verity va vivre le rêve de tout archéologue : se plonger dans la réalité de ce qu'elle étudie.

Malgré un jargon technique qui envahit de plus en plus l'histoire à partir du milieu du livre, ce roman mélange agréablement uchronie et anticipation. La rencontre entre deux personnages aussi atypiques que Floyd et Auger, la découverte de ce monde parallèle que nous envisageons peu à peu comme réel, les répercussions écologiques et politiques de la guerre qui couve dans la société de 2266, tout cela contribue à créer une ambiance spécifique à l'histoire, un climat lourd et chargé d'électricité où le lecteur s'enfonce comme dans un brouillard londonien.

Le style d'écriture est bien adapté à l'histoire, le « tunnel à remonter le temps », bénéficie de nombreuses explications, parfois un peu trop scientifiques, mais qui lui donnent un réalisme et une crédibilité réussis, et les retournements de situation comme les dilemmes des personnages donnent une dimension supplémentaire au livre.

Ceux qui n'aiment pas les histoires où la recherche scientifique tient la plus grande part seront certainement rebutés par le côté très approfondi de certaines explications, mais les autres trouveront certainement qu'il s'agit d'un roman réussi qui conjugue parfaitement deux genres très différents avec beaucoup de talent.