Bienvenue en enfer
		Cooper, Clarence L. Edition : Points, Collection : Roman Noir 2008, 315 pages ISBN : 978-2-7578-0696-8 7 €

Clarence Cooper est un détenu un peu particulier. Il s'agit certes d'un toxico arrivant à « La Ferme », mais son atout principal demeure son intelligence et sa faculté de coucher les mots sur le papier. L'homme, noir de peau, a été un ami de Malcolm X dans sa jeunesse. La drogue et la prison ont marqué sa vie sans l'épargner, et il nous livre ici les conditions ultra difficiles de sa détention parmi les autres toxicos du pays, pris pour trafic, ou simplement de passage quelques semaines.

Alors certes, cest cru ! On en vient presque à prier pour cet homme, qui arrive sans souci à se procurer les drogues dont il a besoin. Là n'est donc pas le problème... Par contre, dans cet établissement, il y a une partie réservée aux femmes, précieuses douceurs qui aident à rester la tête hors de l'eau.

Car les matons, médecins et autres psychologues de « La Ferme » sont eux aussi sérieusement atteints ! L'un deux va même faire tuer un prisonnier par manque de dose, alors qu'il connaissait parfaitement le dossier du malheureux. La torture principale de cet endroit ? Vous pouvez regarder, voire correspondre avec les nanas, vous pouvez avoir une petite amie, certes, mais il est absolument hors de question d'avoir le moindre rapport charnel avec ces créatures...

Et on se rend bien compte que ceci est aussi difficile pour les hommes comme Clarence, que pour les femmes, anciennes prostituées et droguées purgeant une bien longue peine.

Ce qui frappe à la lecture de ce roman, d'emblée, c'est la forme. Le travail de traduction est pour le moins curieux, avec des sauts de lignes très fréquents, en plein milieu des phrases. Les chiffres restent des chiffres, et on a souvent droit à des mots étrangement collés les uns aux autres. Je ne sais pas si la chose est volontaire, mais ce point est tout de même relativement gênant pour le puriste de la langue française que je suis.

Enfin, soit ! Passons à la forme à présent. Je vous préviens tout de suite : c'est très cru. Le vocabulaire est même franchement vulgaire par moment (à ne pas mettre entre toutes les mains donc !). Ceci renforce en tout cas la dureté des lieux et des situations, et nous procure un sentiment de liberté que l'on oublie un peu facilement. L'ouvrage mérite d'être lu quand même, si tant est que l'on n'est pas rebuté par les points précédents. Attention : ne vous attendez pas à un remake romancé de la célèbre série Prison Break : vous seriez sérieusement déçus... Par ailleurs, ce roman ne s'apparente pas vraiment non plus à un polar, mais plus à un témoignage documentaire posthume.