La Planète Shayol (Les Seigneurs de l'Instrumentalité - Tome 2)
		Smith, Cordwainer Edition : Folio, Collection : Folio SF 2004, 549 pages ISBN : 2-07-042716-1 7,30 €

Sur la planète Shayol, vous n'aurez pas de corvées, ni de responsabilités à assumer. Sur la planète Shayol, le mot rivalité est devenu une abstraction. Vous ne souffrirez pas de la faim. Pas de pluie. Un peu trop élevé peut-être. Cest sur la planète Shayol qu'on envoie les plus grands criminels, en guise de châtiment. Un châtiment pire que la mort, pire même que le reformatage de personnalité. Sur la planète Shayol, on ne reproche plus rien aux condamnés. On les laisse vivre, sans sanctions ni punitions. Sur la planète Shayol, on vous donne des drogues de plaisirs interdites. De la planète Shayol, les condamnés ne veulent pas repartir, plongés dans la béatitude. Pas de suicides. Pas de tristesse à proprement parler. Plus de jugement. Sur la planète Shayol, on devient une bouture.

Quest-ce qui peut encore éveiller l'attention du gouverneur de la planète des gemmes, quand il paie au rubis un petit pot de terre où planter quelques fleurs ? La promesse d'une fortune encore plus importante ? Un nouveau jouet militaire ? Non bien sûr : cest l'animal non-modifié aux étranges jambes sans mains, ou aux étranges mains sans doigts, avec de gros ongles fendus. Pourquoi dépérit-il ? Pourquoi ne veut-il rien dire d'autre que « Hiiiiiiiiiiiiiiiii » et « Hiiiiiiiiiiiiiii » ?

Qui dirige la planète des tempêtes ? Un ancien seigneur de l'instrumentalité devenu alcoolique ? Un autochtone ambitieux et amnésique ? Non bien sûr : cest la petite-fille-tortue Truth dans sa chaumière isolée des vents, survivante de plus de trente tentatives d'assassinat répétées à date fixe.

Dans le second volume du cycle des Seigneurs de l'Instrumentalité, on abandonne le côté conte enfantin pour adultes et la geste animalière pour la mystique. Expériences indicibles vécues par des héros rimbaldiens revenus de l'espace trois, passages en fraude de symboles religieux et reconstruction du mythe d'Adam et Eve constituent le nouveau tempo autour duquel se construisent les récits.

Pas de véritables ruptures pour autant entre le premier volume et le second. Toujours le même sens de la simplicité, toujours ces mêmes héros, habités d'une nostalgie troublante pour des hommes si « parfaits » : la nostalgie d'un temps où l'homme n'était pas grand chose de plus qu'un homme. Un second volume qui laisse dans les yeux quelques tâches de bonheur indélébiles.