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Élément I : La Terre |
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Collectif Edition : Griffe d'Encre, Collection : Anthologie
2007, 263 pages
ISBN : 978-2-9529239-5-8
16 € |
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Rappelez-vous : quand Griffe d'Encre décide de sortir un livre, jusque là ça a toujours été surprenant par leur choix éditorial. Cette nouvelle anthologie, toujours concoctée par Magali Duez comme l'était Ouvre-toi !, ne fait pas exception à la règle. Encore que, au final les textes choisis - au nombre de treize - peuvent se regrouper en plusieurs grands thèmes pas si éloignés des préoccupations actuelles de notre société.
Tout d'abord, une tendance assez générale aux prévisions catastrophiques, avec des nouvelles noires qui nous renvoient à notre propre pessimisme sur ce que deviendra cette planète. Dans cette catégorie, on trouve Dans la Terre, de Karim Berrouka qui nous avait impressionné il n'y a pas si longtemps avec la novella La porte, toujours chez Griffe d'Encre. Ici, un scientifique se doit de préserver (et le mot a son importance) le potentiel de l'humanité. Le texte qui le suit, Terre blanche, Terre rouge de Marie Barthelet décrit un monde où l'entièreté du sol est recouverte d'une substance laiteuse létale. Ermelinde, une jeune fille, se prend à rêver de ce que la Terre était auparavant. Puis dans Réclusion, de Laëtitia Millet, deux soeurs se sont retrouvées coincées dans un abris anti-atomique, sans la moindre nouvelle de survivants extérieurs. Plus avant, Benoît Guiseppin décrivait dans Humus Sapiens Cochard, 1917 l'ennui d'une petite fille, Julia, qui a formé des soldats de terre. Or ceux-ci s'animent et leur chef se lie d'amitié avec sa maîtresse. Dans ces quatre nouvelles, la Terre est perdue, ou vengeresse, et les dégats sont considérables dans un sens ou dans un autre.
Autre tendance, celle de la compassion. La mère la Terre sait donner la vie ou la reprendre le cas échéant. Outre la nouvelle de Benoît Giuseppin dont je viens de parler, on trouve le texte de Réjane Durand, Dettes à honorer, où une jeune fille de seize ans, Florence, veut aider ses parents qui vont perdre leur ferme ancestrale. Pour cela, elle va chercher dans les rites anciens l'aide de la Terre. Autre époque, autres raisons, Timothée Rey fait sentir les Odeurs des pluies de mon enfance à son personnage, Cérèze, qui revient sur sa planète natale dans un but bien précis qu'elle ne peut avouer. Quant à Li-Cam, elle nous entraîne à la découverte d'un mutant très étonnant surnommé le Golem dans Mémoire de Terre. Un texte que j'ai d'ailleurs fortement apprécié, malgré mon avis plutôt négatif de la nouvelle que son auteur avait écrite dans Ouvre-toi !. Dans un autre style, Fata Organa décrit les aventures d'Alix, une jeune femme qui se retrouve séparée de son groupe pendant une scéance de spéléologie... alors qu'elle semble particulièrement claustrophobe. Ici la Terre est un être psychique qui ne vit pas seul. Cette nouvelle de Jeanne-A. Debats mêle ici aventure fantastique, un peu de physique et pas mal de dérision quand même, car l'héroïne n'est vraiment pas tendre avec la gent masculine (à raison dans cette histoire d'ailleurs).
Puis, on a quelques électrons libres, démontrant si c'était nécessaire, l'amplitude du thème choisi. Déjà dans le texte introductif de cette anthologie, Le plaidoyer de la Terre écrit par Sébastien Gollut. Gaia est l'héroïne de cette courte nouvelle, et les actions des Hommes la pèsent. Alors elle va demander à ses serviteurs d'aller y remédier. Somme toute, une introduction sous forme de fatalisme, pas nécessairement pessimiste, mais assurément une marque de la perte de Faérie dans notre quotidien. La nouvelle qui la suit, Poussière de charbon a été écrite de l'Anglais Graham Joyce et traduite par une certaine Mélanie Fazi, bien connue des lecteurs de fantasy francophone pour ses propres écrits comme pour ses traductions. Par contre j'ai trouvé ce récit sans véritable lien, sans vrai début, contenu et fin sinon de parler des mineurs. Je n'ai donc pas accroché. Par contre, en parlant de mineur, le texte de Gabriel Féraud, Les veines de la Terre, est un vrai extra-terrestre. On y retrouve Gundir, un mineur qui vit seul pour forer encore et toujours plus profond. Sa solitude le pèse et il voudrait avoir une descendance pour lui repasser le flambeau de son Grand-Père Gundir. Cette sordide histoire d'esclavage déguisée est à la hauteur de l'imagination fertile et quand même un peu dérangée de l'auteur du très récent Les perles d'Allaya, un récit de fantasy proche de l'Inde édité chez Cinquième Saison que je vous recommande particulièrement.
Pour finir, même s'il n'est pas le dernier de ce recueil, une nouvelle montre le côté amour de la Terre, celle que l'on a servi et qui nous a porté. Une nouvelle profondemment humaniste de Robin Tecon, Le Cadeau. Et comme de bien entendu, l'inverse est vrai aussi dans la dernière nouvelle de l'anthologie, l'Absente de Sylvestre Sisco. Ici les hommes vivent dans une environnement de métal et ont perdu la connaissance même de la Terre. Avec la première des treize nouvelles, on boucle la boucle, celles des humains qui se prennent en main en oubliant l'essentiel.
Après la lecture de ces treize textes, en à peine deux jours, je m'aperçois que toutes ont un point de vue différent sur notre terre, mais toutes aussi la respectent véritablement, profondemment. Une façon peut-être de faire évoluer les mentalités... Malgré tout, je suis un poil déçu car aucun texte ne s'est détaché des autres comme un coup de coeur personnel... à part peut-être celui de Li-Cam et son Frank. En tout cas, N'hésitez pas à parcourir ces 263 pages qui n'ont pour seules défaut que d'être lues trop rapidement... comme toujours.
Ecrite par , le 04 Janvier 2008 à 02:01 dans la rubrique .
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