Croisade (Aquasilva - Tome 3)
		Audley, Anselm Edition : J'ai Lu, Collection : Fantasy 2007, 671 pages ISBN : 978-2-290-34753-9 9,90 €

À la suite de la mort de l'empereur, son frère, et après avoir mis en sécurité l'Aeon, Cathan se retrouve dans un endroit appelé la Retraite afin de suivre l'enseignement de Saldéris Okhraya Polinskarn qui doit leur apporter, à lui et Corvina, de précieuses informations sur le mode de fonctionnement des tempêtes avant qu'ils n'utilisent leur magie pour les lancer contre la menace que représente le Domaine. Alors qu'il croit pouvoir profiter pleinement de l'éducation de Saldéris, qui se trouve aux portes de la mort, surgissent des membres de l'inquisition, bien décidés à rayer du paysage ce qu'ils considèrent comme un haut lieu de l'hérésie au nom de leur dieu du feu.

Contrairement à ce que pourrait laisser croire le titre, ce livre ne raconte pas l'histoire d'une croisade mais celle d'une bataille de pouvoir entre l'empereur et le Domaine, religion qui prône la suprématie du dieu Ranthas. Si la lutte contre les foyers résiduels hérétiques est bien le propos, il ne s'agit pas encore de lancer une action militaire menant tout droit sur le chemin de la guerre. Le Domaine a en ligne de mire Cathan, Corvina et Palatine qui représentent à leurs yeux tout ce que l'hérésie peut produire de plus dangereux car non seulement ils peuvent faire valoir des prétentions légitimes dans le grand jeu du pouvoir, mais ils possèdent de surcroît une puissante magie, une arme redoutable et destructrice. Par ailleurs, nous sommes dans l'obligation de constater que cet opus n'est pas la conclusion de Aquasilva. Il apporte évidemment des réponses, pas toujours réjouissantes d'ailleurs, à un nombre important de questions pourtant il ne clôt pas l'histoire de Cathan Tauro, il met uniquement en scène la fin d'une période particulière. Il faut aussi confesser notre ignorance sur le responsable de cette évidence puisque deux options se proposent à notre interprétation : soit l'auteur estime que ce cycle est terminé et ne lui a pas encore donner de suite, soit, et de façon très ironique, l'édition de cette trilogie va se métamorphoser en " trilogie en quatre volumes ".

Certains défauts déjà rencontrés dans les autres tomes sont toujours présents et notamment celui de parfois faire des ellipses discutables alors que l'auteur s'attarde avec complaisance sur certains détails que nous qualifierons de secondaires. Sans trop déflorer le sujet, on peut prendre comme exemple, la page 540 où, lors d'une bataille navale, certaines mantes se retrouvent prisonnières d'algues particulièrement retorses, et on les retrouve dans les pages suivantes, à la poursuite de leurs ennemis sans qu'on sache trop comment elles ont pu se libérer. Il en va de même pour un personnage censé périr lors de cet affrontement et que l'on retrouve frais et pimpant plus avant dans le récit sans aucune explication. Il est donc un peu difficile de passer sereinement sur ces facilités littéraires, cette liberté prise avec la cohérence. De plus, bien que nous soyons en mesure de constater l'acquisition d'une certaine forme de maturité par les personnages, ils ne sont pas encore exempts de conduites incompréhensibles et inadéquates au regard de la situation, c'est le cas lorsque Corvina demande à Cathan de se méfier d'un magicien pour la seule raison qu'il soit téhamais pour ensuite décider de lui faire confiance et de le suivre pour le même motif (page 70). Pour conclure, on peut facilement dire que Aquasilva ne manque pas d'arguments pour séduire le lecteur seulement d'un peu de maturité au niveau de la densité littéraire.