Mezzo Tinto (Tome 1)
		Pion Edition : Carabas, Collection : Révolution 2007, 32 pages ISBN : 978-2-351-00298-8 6,50 €

Quelque part dans un monde désolé, un champ de batailles s'étend. Tout y est résolument mort, jusqu'à ce qu'un petit mouvement se fasse sentir : un être en forme d'oeil parvient à s'extraire de l'enchevêtrement de corps, et à fuir les maints dangers courant alentours, en commençant par les volatiles charognards, et en se poursuivant par une grosse femme complètement cinglée qui lui court après pour en faire sa pitance.

Ce monde est décidément bien fou, et bien différent du nôtre : l'oeil que nous suivons ici n'est pas seul, et le jeu est de parvenir à trouver d'autres éléments du corps à associer : il serait sans doute bien plus aisé de se déplacer et de se défendre dans cet environnement hostile avec des bras et des jambes, non ? Les uns se trouveront sans problème, pendant la fuite : on assiste alors à une bien étrange fusion entre cet oeil unique et une paire de bras envoyés là par la providence.

Les bras sont d'ailleurs bien utiles aussi pour fuir, et pour enfin trouver des jambes... Mais en parallèle, qu'elles sont donc ces visions qui ressemblent fort à notre monde ? Quels sont les liens qui unissent nos deux univers ? C'est ce que vous devriez vite découvrir ici !

Patrick Pion fait ici dans le révolutionnaire (ce n'est pas pour rien que cet ouvrage sort chez Carabas dans sa nouvelle collection, Révolution !) Le dessin en noir et blanc exclusif y est fort intriguant et fort peu banal, c'est vrai. Il faut dire que notre homme, issu d'Angoulême, connaît du fort joli monde : Denis Bajram, Alex Alice, vous connaissez ? Mais attention, si vous pensez trouver ici de l'Universal War One, du Troisième testament ou du récent Siegfried, je vous le dis tout net : passez votre chemin...

On a ici entre les mains une oeuvre quand même fort difficile d'accès pour un grand public. Je pense que le chemin de ce genre d'essai sera long et difficile avant d'atteindre la consécration... Non pas que ce soit inintéressant, bien au contraire, mais quand même : il faut aimer les délires du scénariste ! Mezzo Tinto n'est pas une mauvaise chose, et l'originalité dans ce milieu est une grande qualité. Espérons qu'une suite pourra un jour paraître... Même si le prix de cette BD est divisé par deux par rapport à un prix classique, il aura sans doute du mal à convaincre et à trouver son lectorat.