La Douce
		Dauvillier & Allouche Edition : Carabas 2007, 48 pages ISBN : 978-2-3510-0360-2 13 €

Prêteur sur gages, le narrateur ne fait pas de sentiment. Il n'a qu'un objectif en tête, s'enrichir et rapidement atteindre le capital qu'il s'est fixé pour pouvoir se retirer et vivre enfin réellement. Alors, il traite les affaires courantes, jusqu'au jour où il finit par repérer une jeune et jolie personne qui vient régulièrement lui apporter des objets. Une petite enquête et il découvre qu'il n'aura aucun mal à la convaincre de partager son foyer vue la situation de la pauvrette destinée par ses tantes à un vieil homme : Ah, le pouvoir de l'argent ! Mais une fois ensemble, l'entente n'est pas aisée: elle est jeune et idéaliste, il est plus âgé, avare, sans pitié. Travailler de concert n'est déjà plus possible, elle est trop sensible pour ce métier. Et pour lui faire du mal, elle va creuser le passé de celui qui l'a ainsi piégée.

La tragédie se déroule sous nos yeux et c'est avec délicatesse que Loïc Dauvillier nous adapte la nouvelle de Dostoïevski : c'est en effet une impression permanente de douceur qui se dégage du volume, malgré la dureté qu'auraient pu avoir certaines scènes. Le graphisme y a également une très grande part et Mikhaël Allouche nous livre de superbes planches, fleurant la mélancolie, le regret du narrateur. Les teintes sont très heureuses, ainsi que les motifs ça et là, évoquant la Russie du dix-neuvième avec bonheur.