La Peste des Âmes
		Seide, Jurgen Edition : Hachette, Collection : Black moon 2007, 430 pages ISBN : 978-2-01-201498-5 16 €

Au temps où la religion était omniprésente et souveraine, vivait un jeune homme Andrew. Il avait accés aux études et au savoir grâce à l'aide financière du directeur de l'école, ce qui, au XVI^ème siècle, ne convenait pas à tous les nobles. Pour son "malheur", il était tombé amoureux de la fille du vice-chancelier de l'Echiquier, qui l'aimait en retour et se promettait à lui. En 1521, les castes ne se mélangeaient pas et ne prétendaient surtout pas à se cotoyer. Quand Andrew se mit à enquêter sur les mystérieux suicides d'étudiants, les ennuis se multiplièrent et l'embarquèrent dans un combat contre la Peste des Âmes.

Andrew est un héros à qui l'on s'identifie aisément. Il est jeune et curieux. Aventurieux, il ne se contente pas de subir l'ordre établi et crée un cercle secret qui se réunit régulièrement pour débattre de sujets plus ou moins interdits. Il est amoureux fou d'une belle demoiselle et malgré la différence sociale fait des projets d'avenir auprès d'elle. Il craint son professeur qui lui parait vicieux et autoritaire jusqu'au moment où ce dernier lui dévoile un autre aspect de sa personnalité.

Ce roman contient tous les ingrédients pour faire passer un excellent moment au lecteur. On y retrouve un amour passionné mais impossible, un mystère qui s'épaissit au fur et à mesure de l'aventure, des complots et des personnages honorables en apparence. Comme Roméo et Juliette, ces deux jeunes gens sont réunis par la même passion. Or Andrew est le fils d'un ivrogne qui ne cesse de perturber l'ordre établi en clâmant que Dieu n'existe pas en chacun des êtres. Margaret, en revanche, appartient à une famille honorable. Bien qu'instruite par son père, elle se doit de respecter son statut de femme et de se réserver à son futur mari, homme choisi par son père. Pourtant ils se rencontrent régulièrement et se rapprochent inévitablement jusqu'au jour où le père de Margaret décide de séparer les deux amants. Il l'aurait fait plus tôt si son attention n'avait pas été tenu par une série de suicides douteux. Plusieurs étudiants ont été retrouvés morts, à côté d'eux une lettre d'adieu expliquant leur geste par le fait qu'ils avaient perdu Dieu. Il arrive de douter de sa foi, d'errer mais de là à perdre l'Être Suprême, cela parait aux yeux des autorités comme impossible. Certains nobles ne comprennent pas la menace et pensent que c'est un bienfait pour toutes ces âmes perdus. Mais tant de morts inquiètent Sir Morland. On vient alors à s'interroger sur le monde des étudiants et à douter des enseignants. Le précepteur Clifford tient ses étudiants dans une terreur nécessaire à l'autorité et à l'enseignement. Cependant, il se retrouve la nuit tombée avec des personnes énigmatiques et cherche l'appui de notre héros Andrew.

Dans cet oeuvre, le Moyen Âge est dépeint dans ses principales caractéristiques : la religion, l'ordre social. A cette époque, tout trouve une explication dans la main de Dieu. Les hommes sont guidés dans leurs gestes par Sa volonté. Le mal est l'oeuvre du Démon. Il ne faut pas dériver de sa foi ni douter sinon c'est l'errance, l'abandon du Guide. L'ordre social est tout aussi imperturbable. Les femmes sont au logis pour les tâches ménagères et l'éducation des enfants. Elles n'ont pas le droit de s'exprimer, seul le maître de maison gère les affaires et préserve l'honneur de la famille. La société est organisée en castes : les nobles ont des privilèges et ont accés au savoir, le peuple travaille et survit malgré le froid et la faim. A côté existent des hommes de l'ombre : des traffiquants, des assassins, des mains d'oeuvre de sales besognes.

Un pointe d'originalité a été apportée par l'auteur. Il intitule chaque chapitre par "Chapitre X dans lequel...". Ces proverbes renforcent le mystère autour de ce récit et invitent le lecteur à anticiper le contenu de chaque partie.

La Peste des Âmes est une oeuvre très complète par les thèmes abordés et l'univers dépeint. Le lecteur est pris dans la tourmente des deux amants et frémit à chaque mise en danger du héros. Il suit l'affaire des suicides non pas par la découverte d'indices nouveaux mais par l'observation des personnes qui peuvent y être impliquées. Le mystère n'en fait que s'épaissir. Tout dans ce roman est là pour y installer une ambiance ambiguë et inquiétante.