Le Loup de Deb
		Jarry, Nicolas Edition : Mnémos, Collection : Icares fantasy 2007, 408 pages ISBN : 978-2-35408-016-7 22 €

Asquin de Deb a décidé de consacrer sa vie à l'oubli de son passé et pour cela il met un point d'honneur particulier à se saouler avec application. Il ne le fait pas n'importe comment pour autant car il s'agit d'un amoureux du vin qui protège jalousement sa cave comme d'autres protégeraient un trésor royal. Cependant, l'assassinat de toute une famille de paysans dont il avait juré d'assurer la protection au nom d'une loi ancienne et obsolète va le pousser à renouer avec son glorieux passé qui lui a valu le surnom de Loup de Deb. Cela ainsi que la perte inestimable de quelques bouteilles d'un vin très rare consommées lors d'une nuit de beuverie et d'aveuglement.

Ce livre est une réédition de l'oeuvre de Nicolas Jarry publiée précédemment aux mêmes éditions Mnémos mais qui a été revue et augmentée. Il est suivi d'un second volume s'intitulant La Terre d'Horizon. Ce qui se présente à nos yeux est un récit de fantasy somme toute assez classique avec déplacements à cheval de préférence sous la pluie et la neige, une quête, bien qu'au départ elle soit plutôt originale puisque le motif qui pousse Asquin à se déplacer se présente sous la forme de bouteilles de vin. L'humour bon enfant se dévoile au travers du caractère déplorable des chevaux et de certaines répliques acerbes du chevalier. La touche d'originalité se matérialise par le fait que l'auteur souligne l'aspect désagréable que peut revêtir ce genre de frasques : douleurs inconfortables au niveau du postérieur pour les gens comme Nambi non habitués à se déplacer sur des montures quadrupèdes, l'incertitude régnant en ce qui concerne la nourriture, l'inconfort procuré par le fait de dormir dehors etc. En somme des détails pas très chevaleresques pour une équipée plutôt hors du commun. Quelques incohérences sont présentes comme à la page 313 où le héros parvient à réchapper des griffes et du feu d'un dragon en plongeant dans une mare avec un grimoire sous le bras sans que le dit grimoire, évidemment magique ne subisse de dommages plus importants qu'une odeur de moisi. Ah magie quand tu nous tiens ! Par ailleurs on a du mal à comprendre pourquoi Nambi ne se sert pas plus tôt de ses nouveaux talents acquis au contact de Magd'hä et de sa tribu.

Pour autant, ce roman reste de bonne facture, efficace, sympathique à lire malgré quelques fautes de frappe encore présentes. Le héros est un chevalier vieillissant, totalement désabusé mais qui n'a rien perdu de son efficacité ni de son sens de la répartie. Il est hanté par ses propres démons qui se révèlent au fur et à mesure de la progression de l'intrigue. Sa dame, Anadrielle Denotte est à la hauteur d'une telle personnalité. Aucunement intéressée par les taches réservées normalement à la gente féminine, elle préfère se battre et suivre Asquin dans ses déplacements. Dotée d'un solide caractère, elle s'avère aussi fragilisée par l'amour qui la lie au chevalier et par son refus de tout engagement. Elle laisse néanmoins derrière elle un souvenir mitigé aux hommes qui ont connu l'immense joie de la côtoyer. Asquin de Deb est accompagné dans son périple par un jeune voleur répondant au nom de Nambi Lavone dont le destin exceptionnel va prendre forme au fil de cette aventure, qui ressemble pour lui à une initiation, ainsi que par le maître d'armes Donosson, homme plutôt solide et accommodant, attiré par la bonne chair et qui avait déjà eu l'insigne honneur de suivre Asquin par le passé. Les chevaux peuvent être considérés comme des personnages à part entière et pas seulement Torassin, la monture de sire Asquin car ils ont chacun des caractères bien définis et un tempérament souvent très développé. En somme, cette oeuvre propose une heureuse perspective de détente, ainsi que la promesse d'un moment de lecture agréable.