Les vaincus
		Duchazeau Edition : Dargaud 2007, 166 pages ISBN : 978-2205-05914-4 18 €

Apoo est un chasqui, c'est-à-dire un messager royal. Quel que soit le temps, il court à travers son pays afin de relayer les messages importants jusqu'aux oreilles de l'Inca Atahualpa. Pourtant, Apoo ne porte pas particulièrement l'Inca dans son coeur. Sa petite soeur, Awacha, est tenue dans un Acllahuasi, au bon vouloir de l'Inca. Et une nouvelle, il en aura une d'importance à transmettre, en cette année 1532, quand il aperçoit les navires espagnols au large de la côte nord du Pérou.

Les espagnols de Pizarro, considérés comme des dieux viracochas, s'enfoncent dans le pays, avec leurs manières brusques et leur vérole. Les tensions entre les peuples seront à l'origine d'une interruption du message avant qu'il n'arrive aux oreilles de l'Inca à Cuzco. Celui-ci sera finalement fait prisonnier et ne pourra plus prendre la moindre décision.

Alors que son peuple fait montre d'un cruel manque d'organisation, même s'il a le large avantage du nombre, Apoo entreprend le voyage seul jusqu'à la ville de Cuzco, afin d'y retrouver sa soeur. Envahi de visions cauchemardesques largement favorisées par l'alcool local, la chicha, Apoo aura à lutter contre les espagnols, mais aussi et surtout contre son propre camp, tribu Canari en tête.

Si vous vous intéressez au peuple inca, cette BD est faite pour vous. Le voyage d'Apoo sert ici de formidable prétexte à la visite de ces lieux splendides. Apoo est amoureux de son pays et de sa culture, et l'auteur nous le fait admirablement ressentir. Largement documentée sur le plan historique, cette BD fait la part belle à une intelligence sans borne de son auteur, au détriment des dessins.

De ce côté-là, vous n'aurez droit qu'à des dessins noirs et blancs, parfois un peu fouillis, mais qui se suffisent à eux-mêmes. J'aurais quand même aimé de superbes planches pleines de couleurs pour retransmettre les merveilleux paysages montagneux qu'offre le Pérou, mais je me suis laissé agréablement emporter au long de ce fabuleux voyage. Notez que l'humour est de la partie, notamment lorsque les indigènes découvrent les chevaux, qui ne sont, après tout, que de grands lamas...