Mortelle mélodie
		Heller, Jean Edition : L'Archipel, Collection : Archipoche 2007, 433 pages ISBN : 978-2352870258 7,50 €

Eugene Rickey est un chef de l'entretien tout ce qu'il y a de respectable : il est poli, consciencieux, agréable à vivre et responsable. Le soir, pour se détendre, il aime torturer, mutiler et violer des femmes avec son couteau au manche incrusté de coquillages tout en leur chantant une chanson d'amour. Jusque là, il ne s'intéressait qu'à des prostituées, victimes qui ne suscitaient par vraiment l'émoi des autorités.

Mais Rickey, surnommé le briseur de coeurs par la police, a décidé d'être socialement ambitieux dans le choix de ses victimes. Il jette dabord son dévolu sur une femme médecin, puis sur une présentatrice de télévision. L'inspecteur Benjamin Britton est chargé d'enquêter sur ces meurtres. Sa pugnacité légendaire se heurte à la méticulosité du tueur, en plus de jouer de malchance à plusieurs reprises dans son enquête. Bientôt, la psychose gagne les femmes de la ville de Tampa. Il faut absolument démasquer le tueur avant qu'il ne fasse une autre victime.

Mortelle Mélodie est un roman policier singulier. En effet, son auteur Jean Heller est une journaliste qui a été nommée huit fois au prix Pulitzer. Ses descriptions précises pourraient rebuter plus d'un lecteur. En effet, le chapitre d'ouverture de son livre décrit un meurtre sadique par le menu. Mieux vaut avoir le coeur bien accroché car cette introduction particulière donne le ton du livre. L'auteur s'attache aussi à décrire soigneusement la psyché détraquée du meurtrier sans le rendre sympathique une seule fois. La nausée n'est jamais très loin.

Cependant, ce roman est ralenti par l'introduction d'une énigme secondaire autour d'une affaire de harcèlement sexuel au sein d'une chaîne de télévision câblée. Le rythme de la narration est interrompu, l'ambiance psychotique transformée en manifeste féministe. L'auteur aurait dû régler ses comptes dans un autre livre, qui aurait eu sa propre ambiance. Heureusement, son expérience de l'écriture lui permet de ménager quelques effets de surprise jusqu'à la fin de son roman, permettant ainsi de ne pas perdre le lecteur entre les meurtres et les essayages vestimentaires des présentatrices télé.