Magie verte
		Ruaud, André-François (présenté par) Edition : Oxymore, Collection : Moirages 2003, 277 pages ISBN : 2-913939-34-1 21 €

Bien trop souvent, la fantasy est cantonnée, dans les esprits, à de grandes épopées et de grandes batailles où des peuples se déchirent et s'entretuent. Mais la fantasy est bien plus que cela. Sentiments exacerbés, relations tortueuses, fantasy urbaine et déconcertante, ou encore lien puissant et indissociable avec la nature. Magie verte nous plonge dans l'exploration de ce dernier aspect en nous proposant des nouvelles de fantasy « écolo » qui vont nous emmener toujours plus loin. Serons-nous capable d'en revenir ?

L'ouvrage débute par quelques pages de l'anthologiste qui nous plonge immédiatement dans l'ambiance de ce que sera le livre, sans détour et sans répit. Puis, on attaque par Le jour où la Mer a sourit, de Claude Mamier, où un homme au terme de sa vie va se retrouver le témoin d'une rencontre improbable. Ensuite arrive la nouvelle la plus longue du recueil, Neige à Sugar Mountain de Elizabeth Hand. Cette histoire raconte la vie de deux personnes qui n'auraient jamais dû se rencontrer et qui pourtant vont s'apporter l'un à l'autre tout ce que la vie n'avait réellement su leur offrir. Une histoire très émouvante. Fabuleux Central Park de Delia Sherman nous invite à un jeu où le prix est la liberté. Les fées d'aujourdhui ont-elles réellement beaucoup évoluées par rapport aux temps jadis ? Pour la suite, l'ouvrage nous propose une nouvelle de Léa Silhol, Un parfum de Malicore, qui va commencer par une énigme et se terminer par de curieuses révélations. On retrouvera aisément le style si particulier et agréable de l'auteur. Saskia de Charles de Lint nous propose de rencontrer une jeune femme, Saskia, que les gens qui la croisent ne semblent pas apprécier du tout, sans même en connaître les raisons. Je dois bien avouer que cette histoire m'a beaucoup ému sous bien des aspects. Harry Morgan nous livre, avec Le Ténébrion, une nouvelle qui fait froid dans le dos où l'aveuglement et la cruauté peut revêtir bien des visages. Une nouvelle ensuite en plein dans le sujet qui nous intéresse. Un homme qui va découvrir une créature surnaturelle dans un lieu le plus terre à terre qu'il soit. Et tout ceci se trouve dans Le dernier de sa race de Rob Chilson. Le faiseur de pluie de Mary Rosenblum touche à des sujets que j'apprécie grandement, à savoir l'influence que peut avoir un enfant sur les adultes qui se croient toujours supérieurs à eux. Une très belle histoire, parfois très dure, sur l'amitié et la foi. La plus grosse surprise de ce recueil arrive ensuite. Quel effet cela ne m'a-t-il pas fait de découvrir Karim Berrouka, chanteur d'un groupe punk phare des deux dernières décennies, Ludwig Von 88, dans un style que je ne lui connaissais pas, et qui s'en tire en plus haut la main avec Le siècle des Lumières, où on apprend quel terrible oeuvre est en cours pour seulement pouvoir disposer de lumière dans nos villes. Arrive l'histoire qui m'a le plusperturbé, je dirais. Les toiles de l'hiver de Bruno B. Bordier cache une ambiance sombre, glauque et oppressante, avec un style imagé et tortueux qui m'a interpellé. Mater Clamorosum de Catherine Dufour nous parle de l'amour d'une mère pour son enfant et de ce qu'elle est capable d'entreprendre pour le sauver. Un conte qui fait froid dans le dos. Puis, l'ouvrage se termine sur une nouvelle sublime, Le porteur de la marque de Fabrice Anfosso, où un père raconte à son fils l'histoire de leur famille, et pourquoi elle est si différente de celle des autres hommes.

Comme, je l'espère, vous aurez pu le remarquer en lisant ces quelques lignes, Magie verte nous propose des nouvelles toutes si différentes, mais avec continuellement le même objectif : nous faire découvrir une autre fantasy. Avec en prime des moments extrêmement forts et intenses au cours de la lecture, on ne peut qu'affirmer que Magie verte a, non seulement tenu son pari, mais qu'en plus il est un recueil à découvrir absolument pour la qualité et la diversité des textes qu'il propose.