Les Yeux de Leïla (Aarib - Tome 1)
		Heydon Edition : Vents d'Ouest 2007, 48 pages ISBN : 978-2-7493-0205-8 12,50 €

François Le Guennec est un jeune écrivain frustré par sa vie : auteur de romans-feuilletons pour magazines féminins, il rêve de s'évader de ses univers artificiels pour partir à la découverte des gens sur lesquels il écrit : les tribus nomades arabes. Un jour, il décide de passer du rêve à l'action et, sans préparation ni guide, il prend le train direction Marseille, puis le bateau jusquà Marrakech, espérant pouvoir rencontrer, là-bas, les « hommes bleus » du désert.

Mais déjà, dès le début de son voyage, dans le compartiment du train, il fait des rencontres une grosse femme qui dort, une jeune voyageuse qui part rejoindre son père à Marrakech Entre celle-ci, Camille, et François, l'amitié et l'attirance sont immédiates et grâce à elle et surtout grâce à son père, François est aidé dans son périple. L'ancien militaire devenu musulman va jouer de ses relations pour faciliter la tâche au voyageur novice et lui offre l'opportunité et des sauf-conduits pour arriver au coeur du désert où François va enfin pouvoir étudier la tribu des Aarib, l'un des derniers groupes de touareg restés à leur vie traditionnelle.

Mais le père de Camille n'agit pas dans un but désintéressé et une manoeuvre politique ambiguë se dessine derrière son apparente bonhommie, complot dont François, plongé dans son écriture et ses rêves, n'a aucune idée. Tout comme l'attachement de Camille envers lui ne pèsera pas lourd face à sa fascination du désert.

Une fois chez les Aarib, François va découvrir un autre mode de vie, d'autres cultures et traditions, et surtout, il va se trouver lui-même et, petit à petit, son voyage prend l'allure d'une quête mystique : n'aurait-il pas trouvé sa place dans cet univers hostile ?

Mais la belle Leïla, cousine de son hôte, ne serait-elle pas pour beaucoup dans cet attachement ? Ou ne serait-elle, cette femme que le lecteur n'entrevoit que très peu, que le symbole d'une nouvelle vie ?

Ce premier tome tend à déstabiliser le lecteur par un graphisme étrange et mouvant, où les silhouettes se font schématiques pour mieux restituer les émotions et sensations des personnages. Parfois épuré, parfois cassant, le trait esquisse les expressions des visages et se fait poétique pour évoquer le mystère des dunes, de sa flore et de sa faune. L'histoire en elle-même est intéressante, simple et émouvante sans être simpliste, et présage d'une série toute en finesse et introspection.