La forêt d'Iscambe
		Charrière, Christian Edition : Points, Collection : Fantasy 2007, 500 pages ISBN : 978-2-7578-0327-1 7,80 €

Deux laineux, Le Fondeur et son disciple, le jeune Evariste, ont fui Marseille où sévit le Bureau Populaire, sorte de police de la pensée régie par les blagoulets, pour rejoindre la ville disparue, mythique, de Paris. Sur la route, ils s'arrêtent dans la Vallée d'Emeraude, où règne Tanguy, un ancien ami du Fondeur, afin de lui demander de l'aide pour la suite de leur voyage, et notamment pour la traversée de la forêt d'Iscambe, à l'orée de laquelle vivent les Esméraldiens. Si Tanguy va rester sourd à leurs demandes, ce ne sera pas le cas de son fils adoptif, le jeune It'van, que la forêt fascine depuis longtemps, ni de sa propre fille, Anne, qui trouve bien du charme au jeune Evariste. Mais la blagoulette est sur les traces des deux laineux en fuite, cependant qu'une trahison se trame dans la Vallée même. La seule voie de fuite est la forêt, par son point d'entrée naturel qu'est l'ancienne autoroute A6.

Il n'est pas fréquent qu'un roman de fantasy soit aussi expressément post-apocalyptique. Il n'est d'ailleurs pas si sûr que cet ouvrage appartienne au genre. En tout cas n'y trouvera-t-on ni fées ni mages, même si les animaux y parlent de façon humaine, audiblement ou pas. En fait l'auteur a très ostensiblement écrit un roman initiatique, en utilisant les outils de ce genre particulier : le voyage, les épreuves, la nécessaire union des contraires, l'apprentissage par le compagnonnage, etc..., dont certains sont communs avec le genre fantasy. On peut apprécier ou non cette branche particulière de la littérature, mais dans ce texte on ne pourra que déplorer les longues digressions didactiques qui pèsent sur l'action, parfois jusqu'à gâcher le plaisir de simplement goûter certaines trouvailles très plaisantes de l'auteur (Martuk, les clapattes, la femme de l'ogre...). L'écriture est riche, et si l'humour peut parfois sembler involontaire, il n'en est pas moins présent. En somme un roman original, et qui trouvera sans doute ses lecteurs.