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Praplan, Pascal Edition : Belfond
2006, 204 pages
ISBN : 978-2-7144-4280-2
16 € |
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S. a presque la quarantaine. Elle a un travail, une maison ainsi qu'un handicap, conséquence d'un accident de vélo. Oui mais voilà, elle partage son domicile avec la légitime propriétaire des lieux : sa mère. Elles ont toujours vécu ensemble, à la manière d'un couple dont le lien principal est l'interdépendance : un mélange de culpabilité et de peur d'être abandonnée. S. a du mal à s'éloigner de sa mère car elle connaît son manque de ressources et répugne à la laisser seule. De son côté la mère est angoissée à l'idée du possible départ de sa fille parce qu'elle compte énormément sur sa présence et son aide. Elle fait la cuisine, le ménage et les courses. Cependant la fille souffre de cette situation et décide brusquement, du moins aux yeux de sa mère, de rompre le cordon les unissant, encouragée en cela par l'arrivée de Simon dans sa vie et dans son cur. Ce roman somme toute assez court existe plus par ses non-dit que par son contenu avoué et couché sur le papier. Les silences deviennent lourds de sens. En effet, contrairement aux autres histoires où l'on accède facilement à l'identité et aux pensées des protagonistes, ici c'est l'anonymat qui prédomine ce qui ramène ce récit au rang de scène ordinaire de la vie courante, une situation qui peut se rencontrer n'importe où. De plus, si une partie des sentiments et réflexions des personnages sont portés à la connaissance du lecteur, un certain nombre de faits ne sont pas explicitement décrits. S. reproche à sa mère de lui avoir fait subir des violences sans que l'on sache exactement lesquelles. Elles ne sont que rapidement évoquées : on apprend qu'il lui arrivait de recevoir de sévères corrections et d'être enfermée dans cette cave qui va devenir le centre de cette histoire mais sans que l'auteur ne s'appesantisse trop sur les détails, évitant ainsi l'écueil du voyeurisme. On peut aussi légitimement s'interroger sur le changement de comportement de la fille. Que lui est-il arrivé pour que subitement elle ne supporte plus la présence de sa mère ainsi que leur relation dont le fondement sont l'affection, le chantage, le besoin, la crainte de la solitude et l'habitude ? L'arrivée d'un homme dans son environnement semble un peu simpliste pour expliquer à elle seule ce revirement brutal. Les personnages sont clairement en rupture de communication, l'incompréhension règne de part et d'autre et le dialogue est rompu, ce qu'illustre parfaitement le peu d'échanges figurant dans ce livre, car ce qu'on voit dans ce roman ressemble plutôt à un combat qu'à un échange verbal. On dirait que le manque de conversation entre les deux femmes a contaminé de la même manière la relation auteur/lecteur. Par ailleurs, si l'on sait que S. a une vie à l'extérieur puisqu'elle travaille, il n'est fait mention que de la relation mère/fille, celle qui se déroule uniquement dans l'atmosphère lourde et étouffante de la maison qui, après avoir été une prison pour la fille va devenir une geôle pour la mère. Le style est nerveux, lapidaire et le fait que tout soit écrit au présent lui donne un effet d'immédiateté qui plonge le lecteur au cur de l'action présente ; il assiste à son déroulement en " temps réel ", alors qu'elle en train de se dérouler. En conclusion, si on ne peut se départir d'un sentiment de déjà vu, ce roman vaut par le sentiment de curiosité qu'il inspire. De plus, il pose plus d'interrogations qu'il ne donne de réponses. Il se présente comme l'exposition d'une tranche de vie sélectionnée, comme si l'on pénétrait dans une pièce en prenant une histoire, une conversation en cours et qu'on en ressortait avant sa conclusion. Il laisse une grande part à l'imaginaire du lecteur qui, de fait, participe à l'écriture du roman en comblant à sa guise les blancs laissés, à dessein, par l'auteur. À chacun de voir et de décider si se mettre dans la peau de l'écrivain lui sied ou bien s'il préfère une uvre moins ouverte, plus finalisée.
Ecrite par , le 30 Janvier 2007 à 10:01 dans la rubrique .
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