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Fournaise |
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Kelly, James Patrick Edition : Les Moutons Electriques
2007, 168 pages
ISBN : 2-91579325-5
13 € |
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Il y a entre la science-fiction et la philosophie quelque chose comme un rapport de connivence, la conviction commune que derrière les apparences se joue une scène secrète. Déverouiller le cadenas qui en bloque l'accès, à l'aide d'un travail de problématisation et de conceptualisation, ou par le biais de l'extrapolation et de l'imagination, tel est la visée commune de ces deux pratiques pourtant séparées par une différence de genre et de légitimité institutionnelle. Dans les deux cas, l'utopie n'est jamais loin, qu'il s'agisse de mondes fictifs ou de systèmes politiques idéaux. Le Fournaise de James Patrick Kelly est là pour l'illustrer : ou comment imaginer à partir de l'oeuvre de Thoreau, célèbre pour sa philosophie du retour à la terre, une planète où la « vie simple » serait devenu un mode d'existence normé... L'approche est alléchante, mais ne vendons pas Fournaise pour autre chose qu'il n'est : une oeuvre destinée avant tout au divertissement. Si le roman peut ensuite se laisser décrypter et s'il est le manifeste de certains interrogations écologistes (un environnement naturel est-il nécessairement un environnement où la végétation est florissante) ou éthiques (le recours à la violence, quand elle s'exerce sur des personnes non-violentes, peut-il se justifier ?), Fournaise vaut avant tout pour l'expérience de dépaysement qu'il propose, une expérience où l'étrangeté prend tantôt le visage d'un mode de vie rétrograde au moins du point de vie des normes contemporaines tantôt celui de la bizarrerie hight-tech. Cette rencontre entre des personnages habitués à la simplicité et des personnages nés pour légiférer un empire composé d'un très grand nombre de civilisations toutes très différentes les unes que les autres surprend le lecteur et le laisse interdit. Pris de court, il se laisse alors emporter par le récit, qui de manière fort inattendue, se mû en ballade champêtre plutôt qu'en récit à suspens. Fournaise ne chauffe pas comme la braise, Fournaise n'a rien de spectaculaire. Fournaise est tout ce qu'il y a de plus posé. Et pourtant, Fournaise a le goût du souffre et des peaux brûlées vives. A la fois calme et sous combustion, Fournaise est la meilleure surprise de ce mois de janvier.
Ecrite par , le 29 Janvier 2007 à 13:01 dans la rubrique .
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