La théorie du Bouclier (Le Prophétionnel - Tome 1)
		Grimbert, Pierre Edition : Octobre 2006, 267 pages ISBN : 2-915621-15-2 18 €

Une armure c'est bien pour un chevalier. Bon, sauf que c'est lourd, ça grince, et c'est pas pratique pour chevaucher dans une forêt très humide. En plus, les autochtones de la dite-forêt, s'ils sont aimables au demeurant, ne connaissent pas le langage courtois, et donc Ulser se voit dans l'obligation de "parler normalement" pour se faire comprendre. Ce chevalier est malheureux, et il a fortement besoin de l'aide de la sorcière Mercédès : il lui faut absolument une quête. Tout de suite. Sans quoi sa fiancée ne sera plus sienne. Mais voilà, après moults péripéties la sorcière est on ne peut plus claire : la prochaine quête ne sera que dans treize ans. Ulser va donc essayer de prendre de l'avance sur la prophétie, il ne peut décemment pas attendre treize ans de pouvoir entrer dans le lit de sa dulcinée. Et c'est là que les ennuis commencent.

Voici une nouvelle série de Pierre Grimbert, cette fois fort différente ce celles qui l'ont fait reconnaître du grand public comme Le secret de Ji. En effet si on ne peut exclure ses traits d'humour fréquents, cette fois-ci c'est d'un livre humoristique sur fond de fantasy qu'il s'agit. Peut-être est-ce là une façon de désacraliser le genre chez les auteurs francophones, à l'image de ce qui se fait déjà chez les anglos-saxons comme leur fer de lance Terry Pratchett et ses fameuses Annales du Disque Monde. Donc, on va retrouver ici les canons de l'Heroïc-Fantasy poussés jusqu'à la caricature ou presque. Outre la paladin Ulser (je vous laisse le pronnoncer comme vous le voulez) et la sorcière Mercédès, on trouvera quelques pages plus loin le mage Roméo, ex-mari de cette dernière et apparamment coureur de jupons. Les autres personnages qui formeront la compagnie ne sont pas en reste, non plus que les diverses appellations géographiques ou de personalités et curiosités notoires, comme l'échoracle par exemple.

Par ailleurs l'action et le scénario eux sont fort heureusement bien réels, même s'ils sont long à démarrer à mon goût. C'est tout à l'honneur de la talentueuse plume de Grimbert d'avoir su allier l'humour et le réalisme (si je puis dire) des règles d'un monde fantastique. Du coup, même pour ceux qui n'apprécient pas trop le genre parodique, le livre devient intéressant. Le jeu de mot dans l'orthographe de "prophétionnel" (qui ne manquera pas dans le cadre du texte de se retrouver avec professionnel) prend alors toute sa mesure.

Donc, passé un début ma foi dubitatif, je me suis mis à dévorer le livre sous toutes ses coutures, et rire devant l'absurdité de la naïveté d'Ulser le Bienheureux. Et si vous aimez l'un ou l'autre des genres, je vous invite à en faire de même. Ça vaut le détour.