Nanotikal
		Hammerschmitt, Marcus Edition : L'Atalante, Collection : La Dentelle du Cygne 2006, 320 pages ISBN : 2-84172-316-X 15,20 €

L'ahaw Yaqui est le Censeur de Nanotikal, l'une des cités-états que les Nanomayas ont établies sur la péninsule ibérique. Il fait partie des quelques plus hauts dignitaires qui servent Chan Balum, le souverain. Il a la haute main sur l'éducation, les communications, et l'espionnage. Or il estime qu'il y a des éléments suspects dans les cris d'oiseaux (autrefois nommés courriels) que s'échangent certains nobles. Le supercalculateur, Wacah Chan, d'abord réticent à l'admettre, se prétend ensuite incapable de les décoder.

Et quand Wacah Chan affirme l'authenticité d'un texte dont Yaqui est tout à fait sûr que c'est un faux élaboré habilement par l'église catholique, qui veut l'échanger contre les os de St Jacques, Yaqui est convaincu que beaucoup de choses lui échappent.
C'est aussi le sentiment de Enrique Guerrero, l'ancien prince de Uaxactun, devenu membre de la résistance espagnole contre l'oppresseur maya, au moment où il doit transporter une arme étrange, dont il pense que c'est une nanobombe.

On peut déplorer dans ce roman l'absence d'un arrière-plan qui expliquerait par quel miracle une civilisation déjà quasiment disparue à l'arrivée des conquistadores en Amérique au XVe siècle, est toujours bien vivante au XXIIe, et dotée de surcroît d'une telle avance technologique qu'elle peut écraser des pays modernes, et se maintenir. Surprenante aussi cette absence quasi totale d'arrière-plan géopolitique : il est question du Vatican, qui se soucie du retour du polythéisme, et du recul concomitant du catholicisme, en Europe, un peu de la France, mais du reste de l'Europe, pas un mot, ni de l'Amérique du Nord. Enfin, la "nanotechnologie" décrite l'est si peu qu'elle s'apparenterait presque à la magie, et qu'on serait tenté de classer ce roman plutôt en fantasy qu'en SF.
Le propos de l'auteur semble être de créer de toutes pièces, de façon plutôt réussie, d'ailleurs, une civilisation crédible, dans son immobilisme décadent, où se débattent des personnages intelligents, trop loyaux pour leur propre bien. A partir de là, le développement de l'intrigue est cohérent, la fin logique, et on obtient un roman qui se développe dans un décor original, qui se lit d'une traite, et qui donne envie de lire d'autres textes de ce jeune auteur allemand.