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Aziza et la Malédiction |
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Bouchard, Nicolas Edition : Belfond
2006, 372 pages
ISBN : 2-7144-4054-1
19 € |
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18 septembre 1860 : l'impératrice Eugènie vient de vivre un début de journée exécrable. Aussi lorsqu'une vieille femme se propose de lui traduire les conversations ambiantes, celle-ci, tout d'abord surprise, accepte volontiers. Elle vient d'entrer en contact avec Aziza Foa, Aziza Cohen-Bacri de son nom de jeune fille. Cette dernière propose à l'impératrice un rendez-vous pour le lendemain afin de lui faire découvrir les merveilles que renferme Alger et notamment la maison de son enfance. Eugènie accède à cette requête et la voilà plongée au cur de la vie tumultueuse de la puissante famille juive Cohen-Bacri à l'époque où Alger était connue sous le nom d'El-Djazaïr. En 1805, la ville était sous domination turque ; l'histoire d'Aziza commence par les ravages provoqués par la famine et par le meurtre de son grand-père par un groupe de janissaires. À partir de cet événement, Aziza va s'interroger sur la malédiction qui semble peser sur les membres de sa famille ainsi que sur ses causes. Nicolas Bouchard livre ici une fresque historique traitant d'une période particulière de l'histoire algérienne mais aussi française car les deux sont inextricablement mêlées. Il s'agit de l'époque pré-coloniale, mettant en avant la domination turque ainsi que les événements ayant précipité l'arrivée des français sur le sol algérien. Cette évocation se fait à travers son héroïne, Aziza Cohen-Bacri, une très belle juive, sage et pieuse qui apparaît ici comme tenant le rôle de l'ingénue. En effet, Aziza est protégée par les siens et ne sort que rarement ; aussi a-t-elle une vision un peu naïve des événements mais non dépourvue d'intelligence et de bon sens. Cependant sa droiture n'aura de cesse de combler la dette contractée par sa famille car elle est persuadée d'être sous le joug d'une malédiction dont seul l'acquittement de cette dette pourra la délivrer. Aziza se consacre à cette tâche comme on entre en religion : avec dévotion, puisque cela devient sa mission sur terre, le devoir que lui envoie son dieu. Elle sacrifie ainsi une partie de son existence mais la paix de son âme dépend de cet accomplissement. Elle ne se déplace jamais sans sa fidèle servante, Marie, une catholique revêche mais qui se plie en quatre pour venir en aide à sa jeune maîtresse et la protéger. Voilà un roman très bien écrit, qui met en lumière un pan intéressant de la longue histoire commune qu'entretiennent la France et l'Algérie et ce par le biais du regard d'une jeune fille juive qui aura vécu la domination turque ainsi que la colonisation française tout en essayant de protéger sa communauté et sa vertu. Le livre parle d'une époque peu glorieuse en ce qui concerne la France qui se trouve toujours en dette vis-à-vis du gouvernement algérien. Evidemment, il y a des moments où les coïncidences font bien les choses car, en effet, comment croire qu'une jeune fille arrivant de son pays natal, puisse débarquer à Marseille sans encombre, être immédiatement prise en charge par des jeunes gens aimables qui vont la conduire à Paris sans plus de façons ? Cependant, la trame est plaisante, le style agréable et fluide, le personnage principal, plutôt attachant, donne envie de faire un bout de chemin avec lui. Une héroïne aux antipodes de celles que l'on croise dans les romans actuels, rafraîchissante, ingénue mais avec une appréhension et une perception juste des faits. Un agréable moment à passer même si ce roman n'a rien de transcendant et ne fera pas date dans les annales.
Ecrite par , le 15 Décembre 2006 à 09:12 dans la rubrique .
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