Meurtres à Séville
		Wilson, Robert Edition : Pocket 2006, 730 pages ISBN : 2-266-15582-2 8,60 €

L'Inspector Jefe del Grupo de Homicidios de Séville, Javier Falcon, est un flic expérimenté, au sang si froid qu'on l'a surnommé El Lagarto, le lézard, et que sa femme Inès l'a quitté en lui disant, comme une malédiction : "Tu n'as pas de coeur, Javier Falcon.". Qu'est-ce donc qui le touche tant, personnellement, profondément, dans le meutre, atroce il est vrai, de don Raùl Jiménez, homme d'affaires en vue de la ville ? Ou dans la vision de la statue de la Vierge promenée dans les rues, comme durant chaque Semaine Sainte à Séville ?

D'emblée, il soupçonne que le mort et son propre père, le peintre célèbre de quatre nus, Francisco Falcon, qui ont vécu au même moment à Tanger, se sont connus, d'autant qu'il rencontre à l'enterrement de Jiménez un vieil ami de son père, don Ramon Salgado. Ce soupçon, qui prend très vite des allures de certitude, l'amène à fouiner dans l'atelier du peintre, où il n'était pas entré depuis la mort de celui-ci, deux ans plus tôt. Il va y trouver le journal intime de son père, et la preuve qu'il n'a pas été le premier à le trouver...

Passionnant, foisonnant, hymne à Séville - sa Semaine Sainte et la Feria qui l'accompagne, ses sevillanes, ses tapas et ses toros - que l'on arpente fébrilement sur les pas du protagoniste principal, ce roman est beaucoup plus qu'un roman policier, au sens où l'enquête y devient très vite secondaire. C'est d'abord le portrait de deux hommes : Javier Falcon, ses collègues, son ex-femme, son frère, sa soeur, son ami Pepe Leal le torero débutant, et Francisco Falcon, le père de Javier, que l'on suit à travers son journal intime des années 30 à 1975, à travers guerre civile et guerre mondiale, et magouilles en tous genres à Tanger. De ce fait, certains personnages, et certaines pistes d'enquête, ne sont qu'esquissés, mais c'est peu gênant grâce à l'efficacité de l'écriture, qui emporte l'adhésion du lecteur jusqu'à la fin, étonnante.