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Les Quarante Signes de la Pluie |
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Robinson, Kim Stanley Edition : Presses de la Cité
2006, 398 pages
ISBN : 2-258-06891-6
21,50 € |
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Washington DC, époque indéterminée, le réchauffement climatique commence à se faire sentir de façon évidente. L'air est de plus en plus chaud et humide, la banquise fond, des icebergs de proportions gigantesques se détachent et dérivent le long des côtes. Pourtant, malgré ces alertes récurrentes et les appels répétés de Charlie Quibler au vote d'un texte de loi, tout cela reste lettre morte car les coûts et les changements sont trop importants, impliquent trop de modifications au niveau comportemental et économique. Aussi, la situation continue t-elle de se déliter jusqu'à ce que le problème prenne une telle ampleur qu'on ne puisse plus l'ignorer. Anna Quibler est chercheuse à la direction de la division bio-informatique de la fondation nationale pour la science. Elle est grande, plutôt bien faite, travaille à Arlington, en Virginie, ses qualités et capacités sont appréciées dans le monde scientifique car elle est sérieuse et efficace tout en étant passionnée par son métier. Elle a deux enfants, Nick et Joe. Son mari, Charlie, a sensiblement la quarantaine, travaille à temps partiel en tant que conseiller en matière de politique environnementale mais il est surtout un homme au foyer qui élève sa progéniture, situation qu'il ne vit pas toujours très bien car cette attitude demeure rare et est assez mal vue, étant considérée comme un bastion féminin. On rencontre également Franck Vanderwal, sociobiologiste dépêché à la NSF pour un an. Ses observations jalonnent le roman, apportant ce regard scientifique distancié sur les humains et les situations. Il est raisonnable à l'excès, cynique, un poil blasé. Mail il y a également les khembalais, Drepung, jeune moine bouddhiste au visage rond et au sourire spontané et Ruda Cakrin, le Rinpoché ou ambassadeur du Khembalung en Amérique, qui est plutôt petit, vieux et ratatiné. Ils sont les victimes potentielles du réchauffement puisque leur île est menacée d'engloutissement par la montée des eaux. Ils sont donc venus se réfugier sur le sol américain afin d'obtenir de l'aide. Ils représentent également un contrepoint nécessaire à toute cette réalité scientifique grâce à leur philosophie. S'il s'agit bien d'un roman dont le thème principal est le réchauffement climatique, on a pourtant du mal à le faire coïncider avec le résumé annoncé en quatrième de couverture. Il ne s'agit en aucun cas d'un livre catastrophe, tout au plus d'une chronique d'un changement annoncé et d'un constat sur le fait qu'une fois de plus il faut que le désastre se produise pour que les gouvernements se décident à agir. On voit effectivement Charlie se démener tout au long du roman pour faire passer un projet ou tout au moins pour sensibiliser la classe politique à ce problème sérieux sans y parvenir le moins du monde, les mesures demandées n'étant pas attractives économiquement. Ce récit tire sa puissance du fait que l'action se déroule dans la capitale même des États-Unis ; cela frappe les esprits car il s'agit d'une attaque directe de ce lieu de pouvoir absolu. Cette histoire très intéressante aborde plusieurs domaines scientifiques tels que les mathématiques, la biologie, l'anthropologie etc. mais de manière très didactique. Il s'agit là d'une vulgarisation accessible à tous, expliquée de façon très pédagogique voire amusante. Il y a une superposition de points de vue mettant en valeur la distanciation scientifique dont peut faire preuve quelqu'un comme Franck par exemple qui est totalement désabusé. Il passe son temps à observer ses congénères sous un angle évolutif, c'est-à-dire en les considérant comme des animaux dont les comportements se sont adaptés à leur environnement ainsi qu'au progrès technologique, bien que les règles du jeu demeurent, au final, les mêmes. En comparaison, l'attitude des khembalais est étonnante de fraîcheur. Il faut bien avouer que parfois, les errances mentales de Franck, ses égarements font s'interroger le lecteur sur le propos, le sens et le but du roman. Cependant, l'écriture et les enseignements scientifiques de Robinson ramènent ces considérations au second plan car le but de la littérature est de se distraire tout en s'enrichissant et de ce point de vue le contrat est amplement rempli. Par ailleurs, ce livre présente un humour décalé extrêmement savoureux.
Ecrite par , le 30 Novembre 2006 à 10:11 dans la rubrique .
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