Fight club
		Palahniuk, Chuck Edition : Folio SF 1999, 291 pages ISBN : 2-07-042240-2 8,50 €

La première règle est : on ne parle pas du Fight club.
Ça t'dit quequ'chose toi ? Non ?...

Viens par là mon gars, suis-moi Ouais, ferme la porte approche-toi que j'cause bas puis merde ! Tout'façon, tout l'monde en est, tout l'monde cafte... Tu fais pas gaffe aux gueules cassées dans la rue, tous les types qu'ont la mâchoire déplacée, l'oeil poché, des balafres sur l'torse, un bras dans l'plâtre. Si tu fais gaffe, tu verras, y a comme un réseau silencieux, souterrain, qui les lie ; toujours un p'tit sourire, un signe de tête l'un pour l'autre... Z'ont pas l'air, mais s'connaissent ; y s'sont jamais vus, mais leurs membres amochés, c'est un signe : y sont du même groupe : le Figth club... Ça s'passe dans la salle sous-sol du bar, tous les samedis, une trentaine, on s'met sur la gueule, deux hommes par combat, sans armes... C'est l'pied suprême mon gars.

Ça t'paraît con ? Mais tout est con, mon gars, sur cette planète ! T'es pas con, toi, qui coures après la super bagnole, quelques dollars d'plus, que t'utiliseras, sans trop savoir pourquoi, pour acheter un écran plasma d'merde que tu jetteras dans trois ans, remplir un désir danaïde, combler un nouvel espoir, toujours plus intense sans fin jamais, parce que mine de rien, une fois qu'tu l'as c'pognon, autant l'dépenser, tant qu'à faire... Les choses que tu possèdes finiront par t'posséder. Cest c'qui dit tout lt'emps Tyler... Eh ouais, t'es qu'la merde du cosmos mon gars, la plaie purulente de Jack, une mauvaise scrofule oubliée... d'Dieu C'est c'que dit tout l'temps Tyler.

Tyler ? Qui c'est ? On sait pas vraiment... Y préside à chaque séance du club, mais paraît qu'il est personne, insomniaque ou complètement barré. On sait pas d'où y vient, ni qu'est-ce qui fait... Y'a des rumeurs comme quoi il aurait fait cuire sa mère quand il était jeune, comme quoi il aurait fait sauter son patron, comme quoi y s'rait en cavale de l'asile...

En tout cas, la première chose qu'y t'apprendra, c'est te battre, faire la nitroglycérine avec de la graisse humaine apprendre à mourir, à toucher l'fond... Pourquoi ? Ça, c'est l'projet Chaos. On pose pas d'questions là-d'ssus...

Voilà ce que dirait probablement un membre du Fight club. Le récit dédouble un grand nombre de plans, offre un panel allant de la plus trivial des remarques à la plus alambiquées des conjectures, satisfera sans doute tout un chacun ; l'ambiance est excellente, nihiliste au superlatif, râle final d'une âme humaine à bout ; l'écriture est géniale, incisive, tranchante et sans appel comme le trait suicidaire d'une lame de rasoir sur les veines.

Un livre qui vous fera l'effet d'un acide injecté dans l'esprit. Un livre renversant comme un uppercut.

Alors, t'en es mon gars ?...