L'Algébriste
		Banks, Iain M. Edition : Bragelonne 2006, 480 pages ISBN : 978-2-35294-000-5 22 €

Fassin Taak, communément nommé le Voyant Taak mène une vie paisible sur la lune 'glandine. En effet, il exerce un métier qui lui sied, il est appelé à succéder à son oncle à la tête du Sept Bentrabal, et il est fiancé à Jaal Tanderon, une union qui assoira son pouvoir. Cependant, sa vie bascule le jour où il est choisi pour mener à bien une quête qui, si elle aboutit, est censée régler les problèmes de transport du monde spatial. Actuellement, les voyageurs se déplacent à l'aide de trous de ver délimités par des portails. Or, il suffit qu'un de ces moyens d'accès soit détruit pour que les habitants d'un système se retrouvent isolés. Malgré tout, cette recherche doit se faire avec l'aide des Habitants, le plus ancien peuple de l'univers mais c'est sans compter leur caractère fantasque et imprévisible.

Cette uvre de science-fiction met en scène Fassin Taak, Voyant Lent Actif de son métier, âgé de 390 ans ou 45 ans corporel vécu et mesurant deux mètres. Il vit sur une lune de la planète Nasqueron, une géante gazeuse. S'étant distingué dans sa profession, à savoir effectuer des recherches bibliographiques auprès des Habitants, il est en bonne voie pour succéder à son oncle Slovius, actuellement Voyant en chef. Sa fiancée, Jaal Tanderon, est la fille de Braam Ganscerel, Voyant en chef du Sept le plus important et le plus considéré du système, donc il s'agit d'une alliance profitable et intéressante. Il a pour ami Saluus Kehar, très riche héritier d'un empire commercial et pilote hors pair. Il est surnommé " Monsieur Glouton " par Fassin. Il y aussi Taince Yarabokin dite Taince la soldate, très douée dans son domaine : la guerre. Sans oublier Luseferous qui a choisi son nom en fonction de sa consonance avec Lucifer. Il est méchant, cruel, avide de pouvoir, très versé dans les subtilités de l'art de la torture et très intelligent. En bref, un méchant comme on les aime. Cette liste serait incomplète sans la mention des Habitants, personnages totalement improbables qui ressemblent à deux roues immenses liées par un moyeu central et dont le comportement échappe à l'entendement de la plupart des autres créatures.

Ce roman de Iain M. Banks, apparaît malheureusement aux yeux du lecteur comme la montagne accouchant d'une souris. Cet énième récit de quête donne l'impression d'être face à un catalogage fastidieux de systèmes, de planètes, de mesures, de dimensions et autres coordonnées. La mise en place est très longue, au moins une centaine de pages sur les 465 que comptent cet ouvrage, les alternances entre le passé et le présent de Fassin sont déroutantes et tout cela nage dans une atmosphère de confusion et d'errance qui fait s'interroger sur la direction que l'auteur veut faire prendre à son histoire. Il existe aussi des incohérences qui sont difficilement explicables même dans le cadre d'un roman de science-fiction tel que le sort de Braam Ganscerel. Il est présenté comme le père de Jaal et donc futur beau-père de Fassin (p.135). Il est déclaré mort lors de l'attaque de la lune Troisième Furie, un nouveau Voyant en Chef est même désigné au sein du clan Tanderon, un certain Venn Hariage (p.395) et pourtant p.396 il est fait mention du cynisme du père de Jaal. Evidemment, plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce phénomène, Braam n'est finalement pas mort, mais alors pourquoi le remplacer ? Ou bien encore, le successeur devient automatiquement le père des enfants de son prédécesseur, voire Jaal possédait un clone plus jeune de son père qui a été remis en circulation pour l'occasion. Quoiqu'il en soit, cette histoire est boiteuse et l'ellipse bien trop importante pour privilégier une quelconque suggestion quant au sort de ce pauvre homme. Il en va de même pour K, jeune fille faisant partie intégrante de la jeunesse de Fassin, censée être morte (p.161) bien que le flou entourant son sort laisse le champ libre à l'interprétation.

Pourtant, tout n'est pas négatif dans ce roman, ne serait-ce que la présence des Habitants, personnages ô combien intéressants, dont les capacités inattendues et l'attitude complexe et inexplicable sont bien l'élément le plus passionnant à découvrir, surtout au travers des jumeaux Quercer et Janath. Il y a aussi l'humour qui jalonne le récit en adoptant tour à tour la forme de l'absurde ou de l'ironie. Les styles différents sont aussi notables car l'auteur accentue la démarcation qui existe entre la prose narrative et le style plus familier employé par les personnages, cela confère un aspect réaliste en introduisant un parallèle entre l'oral et l'écrit. Dommage que ces qualités soient mal desservies.