Datura
		Studio A.J.T. Edition : Taïfu Comics, Collection : Young Taïfu 2006, 149 pages ISBN : 2-35180-113-X 7,95 €

Staguire est une cité dont l'entrée est protégée par un labyrinthe tout comme les autres villes du pays. Ce jour là, Orine, la fille du seigneur local est bannie de chez elle pour avoir protégé des coups de son père un jeune serviteur albinos, Viguel. Livrés à eux-même, les jeunes gens sont d'abord fort moroses, puis finissent par apprécier cette liberté nouvelle. Ils finissent par se retrouver, puis au hasard des rues sauvent un autre garçon, Cyrik, de la méchanceté de Doliam, le lieutenant de Staguire. Au château, le seigneur s'aperçoit de la disparition dans son coffre d'un tube à message, le Ladon, ce qui met la ville en effroi.

Ce manga n'est pas du tout comme les autres. Ce n'est pas qu'il est meilleur, loin de là, mais tout simplement qu'il n'a pas été fait par des professionnels du Japon. C'est un groupe d'étudiants de la toute jeune école de manga Eurasiam qui se sont alliés à l'éditeur  en un pari non moins fou : faire un volume en à peine cinq mois. Pari risqué, pari réussi mais à quel prix...

Le scénario n'est pas des plus palpitants, car réaliser un one-shot en quatre chapitres implique soit un manque d'explications sur l'univers inventé, soit une trame simple (ce qui a été choisi). Côté dessin, on retrouve plus ou moins les mêmes problèmes. Et pour avoir rencontré deux des dessinateurs récemment dans un salon du livre, je peux dire que les cases que je vois ne sont malheureusement pas à la hauteur de ce qu'ils sont capables de dessiner comme les dessins originaux qu'il m'ont réalisé.

Dernier point chagrineux, le prix assez élevé pour le nombre de page. Enfin là il faut concevoir que Taïfu a sans doute limité le nombre d'exemplaires publiés. En outre, il est fort étonnant que Datura n'apparait pas dans le catalogue en ligne du site internet de son éditeur, comme les autres séries.

Alors quel est l'intérêt de cette parution ? C'est un projet qui a permis aux jeunes étudiants à comprendre combien l'univers du manga était un travail hardu et assidu, où le rythme de travail doit être soutenu pour suivre les obligations de parution. Nul doute que de ce côté ce livre a été formateur. Et pour développer un courant français du manga, il est parfois bon d'investir dans les "coups d'essai". C'est dans cette optique là que j'ai acheté ce livre, en espérant que ces jeunes mangakas continuent leur travaux et réussissent dans un futur plus ou moins proche à créer des séries de qualité comme on peut déjà en apercevoir du côté de l'Allemagne ou de l'Espagne.

Quant à l'avenir de l'école, l'année prochaine la promotion suivante sortira elle aussi son volume, fort de tous les enseignements de cette première expérience qu'ont vécu leurs aînés. Ils auront en tout cas le plaisir de savoir que la première promotion a reçu un très bon accueil du salon parisien de la Japan Expo 2006.