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Wild Animals (Tome 1) |
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Yang, Song Edition : Xiao Pan
2006, 234 pages
ISBN : 2-940380-09-0
8,50 € |
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« Aucune forme d'oppression ne peut être assez forte pour arracher à un individu sa liberté, lorsque celui-ci a décidé de la conserver ». Tel est le message que semble vouloir transmettre Song Yang, bédéiste de talent, présenté par son éditeur comme l'un des génies de la bd chinoise contemporaine. Si parler de génie à propos de ce dernier est sans doute exagéré, le premier tome de son Wild Animals, peinture de la vie quotidienne durant la révolution culturelle, possède d'indéniables qualités, que ce soit sur le plan graphique ou narratif. Wild Animals se présente sous la forme d'un récit retrospectif, raconté depuis l'époque actuelle par Xiaojun, un jeune homme ayant vécu la révolution culturelle. Le jeune homme revient donc sur sa jeunesse, à l'époque où on le connaissait pour son attitude rebelle et ses amis peu fréquentables. Le personnage/narrateur évoque tour à tour ses altercations avec les autres bandes de la ville, ses « visites d'appartements » grâce aux passe-partouts qu'il s'est bricolé lui-même et ses relations avec sa mère et un père toujours absent. On pense bien sûr à Chunking Express, Xiaojun possèdant le même goût que l'héroïne du film de Wong Kar Wai pour les visites incognito d'apparts. Mais l'on est également ému par la justesse du ton, que ce soit dans l'approche choisie pour évoquer cette période difficile de l'histoire chinoise (la répression policière n'est évoquée que de manière transversale) ou pour sa manière de mettre en scène les personnages féminins - Yu Bebei une jeune fille un peu garçon manqué et au comportement aguicheur ; Mi Lan, une étudiante âgée de 18 ans de nature assez réservée. Song Yang possède un don pour les dialogues et le récit façon journal de bord. Mais là où il est vraiment doué, c'est dans la mise en image. Le gars est un véritable virtuose du crayon. Les décors sont réduits à leur plus simple fonction, et conséquence directe, les personnages occupent toute l'image. Les visages sont composés avec talent, entre réalisme des traits (on sent le portraitiste) et efficacité. Mais ce sont les corps qui offrent le plus grand plaisir esthétique. Song Yang les met avec une espèce d'élégance du trait un brin nonchalante : ses silhouettes semblent dessinées d'un trait. Certaines cases dénotent par leur aspect « vieille photo noir et blanc », d'autres par l'expressivité des visages mis en image. Mais ce sont les personnages féminins qui se distinguent là encore : silhouettes esquissées comme dans un rêve encore frais, regards pénétrant de femmes qui ne le sont peut-être pas encore, la poésie est bien là, une poésie moderne et racée, comme on aimerait en voir plus souvent. A lire, donc. On saluera au passage la qualité d'impression et le format très agréable de cette édition.
Ecrite par , le 02 Octobre 2006 à 11:10 dans la rubrique .
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