Le Sang du Monde (Les Chroniques Glaciaires - Tome 3)
		Arnaud, G.J Edition : Fleuve Noir, Collection : SF Métal 1999, 221 pages ISBN : 2-265-06410-6 5,66 €

Romi Rugika, jeune archéo-généticien, voit sa vie basculer le jour où un élève aiguilleur frappe à sa porte afin de lui remettre une convocation. Son ami Perati lui ayant montré une pendulette prouvant que les dates ont été falsifiées et notamment celle de la Grande Panique, il est persuadé d'avoir été dénoncé et de croupir au fin fond d'une geôle. Pourtant la raison de cette convocation est tout autre. En effet, les Aiguilleurs ont besoin de son aide afin d'identifier un liquide dont la nature est inconnue et qui présente la particularité de ne pas geler même aux plus basses températures. Rugika est donc envoyé en mission secrète afin d'étudier ce liquide à priori organique pour en découvrir la composition exacte ainsi que sa provenance. Lorsque celui-ci, avec l'aide du glaciologue Unio Kant, va se rendre compte qu'il s'agit de sang, il va dès lors se consacrer à la recherche de l'être qui peut bien posséder des fluides incapables de geler.

Le Sang du Monde, troisième volet des Chroniques Glaciaires met en scène un jeune archéo-généticien répondant au nom de Rugika qui ne va pas sans rappeler Lien Rag dans son comportement et son caractère. Ceci est visible dans sa volonté de ne pas se plier à certaines règles, son côté un peu rebelle ainsi que dans sa fascination vis-à-vis des Roux même si sa personnalité n'est pas aussi extrême que celle de Lien. Il a pour compagnon Unio Kant, un vieux glaciologue peureux, lâche et qui est perdu dès qu'on le sort de son milieu naturel, c'est-à-dire une chaise sise derrière un bureau chauffé de préférence. Plus tard, les accompagnera Tara Povla, spécialiste en minéralogie qui deviendra la compagne de Rugika.

Dans ce livre, Arnaud révèle la date exacte de l'époque dans laquelle se déroule les faits et met ainsi à jour le mensonge véhiculé par les autorités et les Néo-Catholiques ainsi que la falsification des dates. En effet, grâce à la pendulette Rugika apprend qu'ils sont dans l'année 2592 après la Grande Panique alors que, officiellement, seuls 125 ans se sont écoulés depuis ce fait marquant. Cela pose donc le problème du pourquoi de ce mensonge et surtout dans quel but. Cela met également à mal la confiance, déjà limitée, qu'ils peuvent avoir dans le pouvoir en place. Ce manque de confiance peut s'étendre jusqu'aux hommes dans leur généralité au vu du traitement qu'ils infligent aux Roux. En effet, ce volume fait la part belle aux Roux qui sont officiellement découverts. Le comportement des humains face à cette nouvelle espèce est très discutable : soit ils choisissent de les détruire par incompréhension ou crainte d'être remplacés par une espèce plus évoluée et mieux armée pour affronter les rigueurs du temps. Soit ils décident de les exploiter lorsqu'ils découvrent leur docilité et leur manque d'évolution technologique. Rien de bien reluisant en somme.

Rien de nouveau sous le soleil stylistique concernant Arnaud : l'écriture présente les caractéristiques habituelles c'est-à-dire simplicité et familiarité, les références culturelles sont également présentes à travers Zola et L'Assommoir, ne reste que cette légère incohérence située à la page 113 et qui concerne l'attitude de Tara. Sans raison elle se met brusquement à tutoyer Rugika pour repasser tout aussi rapidement au vouvoiement, vouvoiement qu'elle conservera après avoir passé la nuit avec l'Archéo. Cela ne semble pas très logique voire assez inexplicable car, dans le cas général, le fait de partager la couche de quelqu'un est considéré comme un acte assez intime pour permettre une certaine familiarité.

Ce roman représente un voyage nécessaire dans les méandres de La Compagnie des Glaces avec, à la clef, une mise à jour des secrets accompagnant cette saga. Indispensable donc.