La Prophétie (Les Capelans - Tome 1)
		Guilbaud, Christophe Edition : Normant 2006, 354 pages ISBN : 2-915685-19-3 19 €

Depuis son plus jeune âge, Lorillou a le don de communiquer avec les animaux, de voir par leurs yeux, de capter chacune de leurs sensations.
Recueilli à sa naissance par deux fermiers vivant à l'écart du monde, il découvre à son adolescence qu'ils ne sont pas ses vrais parents.
Dès lors, il cherche des réponses aux questions qui l'obsèdent auprès des Capelans, un ordre de sages ayant développé leurs capacités mentales.
Mais l'univers s'assombrit lorsque Lupon, un être malfaisant doté de facultés psychiques hors du commun, prend le pouvoir.
Lorillou, accompagné de son hurle et de son épervard, va tout mettre en oeuvre pour organiser la résistance des Capelans face à Lupon et ses miliciens.
L'antique prophétie augurant qu'en des temps troublés arriverait un sauveur annoncé par l'homme-animal est-elle sur le point de se réaliser ?

Nouvelle série de fantasy, Les Capelans, démarre par un premier tome fort sympathique, mais souffrant cependant de certaines faiblesses.
Revue d'effectif

L'univers
Autant commencer par les points forts. Un premier tome a toujours la délicate mission de faire découvrir un nouveau monde aux lecteurs, et dans cet exercice périlleux, il faut bien admettre que Christophe Guilbaud est tout sauf maladroit.
Son univers est ainsi dévoilé de manière progressive et agréable, sans jamais tomber dans la description pure et simple. Et si le monde qu'il propose reste finalement proche d'une Terre médiévale, de petites fantaisies, tel le nom des animaux, permettent de le rendre davantage dépaysant.
Le tout étant bien ficelé, cela offre dès le début, une base plus que solide pour bâtir une série intéressante.

Les personnages
Malheureusement, c'est déjà plus mitigé pour ce point ci.
Certes, les personnages principaux, au premier rang desquels le héros, Lorillou (appelons-le Jebane, Lorillou n'étant qu'un prénom temporaire pour lui dans le roman), suivi des autres tels Zélinda, Iselane ou Siman, sont tous très attachants.
Cependant, on peut regretter qu'hormis Jebane, justement, les autres personnages ne soient pas réellement développés, et l'on ne trouve pas vraiment de personnages secondaire forts.
Même le méchant de service, Lupon, souffre d'un certain manque de charisme et d'envergure.

A noter également, dans la rubrique des reproches adressés aux personnages, que le héros souffre d'un regrettable complexe de Spider-Man. Appellation toute personnelle pour signifier une certaine tendance au refus d'engagement sous prétexte de sa "mission" en tant que héros.
Echappatoire un peu facile, et parfois presque frustrante pour le lecteur. Ce n'est certes qu'un détail, mais c'est assez symptomatique du traitement des relations personnelles entre les personnages, relativement simplistes.

L'histoire
Là encore, ainsi que pour les personnages, l'histoire n'est pas exempte de tout défaut.
Car si elle parvient à susciter l'intérêt, sous la plume des plus agréables de Christophe Guilbaud, force est de constater, là encore, que l'auteur n'est pas véritablement allé au bout des choses, et certains passages laissent un sentiment d'inachevé et de "facilité"...
La présence, d'ailleurs, d'une prophétie relativement obscure et à laquelle le héros semble se plier inconsciemment, renforce un peu plus ce sentiment.
Néanmoins, on peut espérer que l'histoire vienne à s'étoffer un peu dans le tome suivant, la matière brute, l'univers imaginé par l'auteur, étant de bonne facture.

Finalement
La Prophétie est un bon premier tome, ouvrant la voie à une série qui pourrait être très réussie.
Mais il laisse malgré tout un sentiment de facilité, terme qui revient souvent dans cette chronique, mais qui résume bien certains pans de ce roman. On n'en est certes pas aux raccourcis d'un Space Opéra pour la S.F., mais force est de constater que personnages et histoire manquent un peu de profondeur.
Et au vu du potentiel de l'univers et du style, très agréable, de Christophe Guilbaud, c'est un peu dommage, il faut bien le dire.

Finalement, tout dépendra de la suite, suivant si elle permettra, ou non, une mise en perspective de ce premier tome
Ce dernier restant, de toute façon, très agréable à lire.