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Cauchemars parallèles

 
  Brussolo, Serge
Edition : Omnibus 2006, 1050 pages ISBN : 2-258-07039-2 25
 

Un monde où il est interdit d'être maladroit car la maltraitance à objet est sévèrement réprimandée, voire sanctionnée par la peine capitale ; une planète condamnée à la destruction à la suite d'une erreur de manipulation provoquant, à la mort de certains animaux, l'apparition de montagnes cristallines indestructibles ; un Paris post-atomique dont les sources énergétiques proviennent, officiellement, de la destruction des objets dont on récolte le mana ; des êtres humains maintenus dans un état de régression enfantine ; que peuvent bien avoir en commun tous ces récits relevant de la science-fiction ? Un style, un auteur : Serge Brussolo.

Ce livre est une anthologie consacrée aux premières uvres de Brussolo, parues entre 1980 et 1987. Editées dans l'ordre chronologique de publication, on y trouve deux recueils de douze nouvelles en tout : Vue en Coupe d'une ville malade, Aussi Lourd que le vent, ainsi que quatre romans. Cette répartition reste cohérente même si certains romans sont datés de 97 et 98 car, si l'on se fie à la bibliographie, la première publication des romans en question se situe dans les années 1980.

Serge Brussolo est un auteur majeur de la littérature française. Très prolifique, il s'est illustré dans des genres aussi variés que la fantasy, la science-fiction, le polar ou bien la littérature jeunesse. Dans le cas de cette anthologie, il s'agit exclusivement d'uvres de science-fiction.

Ce livre laisse l'impression durable de s'être penché sur un laboratoire et d'assister à des expériences scientifiques dont les sujets sont les hommes et leur comportement. L'atmosphère y est souvent glauque, malsaine ; les objets sont anthropomorphes, humanisés et les personnes chosifiées. Il n'y a pas vraiment de héros en temps que tel, il s'agit plus de protagonistes car l'auteur utilise très souvent la même identité, le même prénom d'un personnage à l'autre, ce qui attaque la notion d'identité, d'individualité comme si les personnages étaient interchangeables. Le nom " Almoha ", qui fera plus tard l'objet d'un titre de roman (Les Sentinelles d'Almoha), fait partie de ces appellations que l'on trouve à de nombreuses reprises pour qualifier différentes choses aussi bien positives que négatives.

Les différentes uvres fourmillent d'idées et d'imagination et certains thèmes trouvés dans les nouvelles, sont repris dans les romans, parfois à l'identique, en les développant et en les enrichissant : ainsi on trouve dans Ce qui Mordait le Ciel un paragraphe consacré aux différents rites mortuaires qui est quasiment l'exacte réplique de celui écrit dans la nouvelle Comme un Miroir Mort. Quelques histoires laissent apparaître un style et des personnages que l'on retrouvera plus tardivement dans l'uvre de Brussolo. C'est le cas par exemple pour Ce qui mordait le ciel, car il est possible d'effectuer un parallèle entre le personnage principal de ce roman et Marion, l'héroïne de La Captive de l'hiver. Ils vivent tous les deux dans la peur que l'on ne découvre qu'en fait ils sont incapables de répondre à l'attente des autres qui comptent sur leur aide, ils sont pusillanimes même si David semble plus apte à prendre des décisions que Marion qui vit vraiment repliée sur sa peur.

Le champ lexical de la chaleur est très présent sur l'ensemble du recueil. C'est un thème dominant qui symbolise la faiblesse, l'abrutissement ainsi que la fatigue. La plupart du temps, elle est écrasante, destructrice et ne représente absolument pas une énergie positive. Elle annihile la volonté, la cohérence du mode de réflexion et de la pensée en général.

Les histoires sont souvent ancrées à partir d'un seul personnage, c'est-à-dire que l'on se trouve dans son corps, dans sa tête et on bénéficie uniquement de son point de vue. Il y a très peu d'échanges, de dialogues avec l'environnement même si cette tendance ne peut être généralisée. Elle est cependant suffisamment présente pour être remarquable. L'échange avec l'autre n'est, en général, pas un soulagement seulement un palliatif à l'oubli.

Une uvre passionnante et intéressante pour découvrir ou redécouvrir le grand auteur qu'est Serge Brussolo. On ne peut que regretter que cet ouvrage ne bénéficie pas d'une partie critique et explicative concernant la construction de l'anthologie et les uvres qui la composent.

Ecrite par Sig, le 29 Mai 2006 à 15:05 dans la rubrique Roman Sf .
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