Neurotwistin'
		Queyssi, Laurent Edition : Les Moutons Electriques 2006, 270 pages ISBN : 2-915793-17-4 15 €

Neurotwistin' annonce la couleur dès la couv' : l'action sera au rendez-vous, il y aura de superbes douchnia, pas mal de bang !, des courses poursuites, un traître à la solde des méchants, et aussi, ah oui, un Magicien. Les moutons électriques font place à l'une des nouvelles voix de la SF francophone, celle de Laurent Queyssi qui, avec ce premier roman nous propose une distrayante incursion dans le monde des animaux modifiés, des travaux pré-matriciels et des romans d'espionnage pulp.

Le principe : Harry, une grenouille modifiée dotée de raison et de parole, est un auteur de best-sellers ayant pour objet les aventures d'une cellule d'espions so Bristish. Chaque chapitre présente un nouvel épisode de la série, avec en guise de préface pour chacun une lettre de l'écrivain-grenouille, où celui-ci évoque ses états d'âmes, présente l'épisode, ou encore s'interroge sur sa propre nature d'animal impossible, le tout formant un agréable roman populaire.

Vous l'aurez compris, l'objectif n°1 est ici de distraire son lecteur, de l'aveu même de Harry la grenouille. Une grenouille qui au passage ne peut manquer d'évoquer l'oeuvre principale de Jean-Pierre Brisset : La grande Nouvelle, lui qui en son temps avait aussi rapproché l'homme de la grenouille. Dans les deux cas, l'effet burlesque est indéniable, même si le but de Queyssi est de nous arracher progressivement le sourire des lèvres, de nous accoutumer à l'étrangeté de son personnage et de le rendre attachant, contrairement à Brisset, lequel se situait résolument dans une optique de la dérision et de l'absurde.

Autre particularité : le caractère protéiforme de l'oeuvre. Queyssi s'est visiblement amusé à croiser différents genres littéraires : le roman épistolaire, le roman historique, le scenario, la sf. Le tout reste très cohérent. Le style, fluide, vivant, et surtout très imagé, permet au lecteur de se représenter avec une grande précision des scènes de hauts voltiges où les actions s'enchaînent à grand rythme sans jamais devenir confuses.

Pour un premier roman, ce Neurotwistin' regroupe donc pas mal de qualités, auquel il faudrait ajouter l'effet "Twist" de fin de roman (à vous d'en découvrir le contenu). Pourquoi alors ne pas être aussi plus enthousiaste que cela ? C'est que le roman, fort agréable dans les premiers chapitres, s'essouffle assez rapidement, si bien qu'on se découvre lire en diagonale certains passages. Par ailleurs, s'il faut reconnaître la profondeur du background, celui-ci aurait mérité d'être mieux mobilisé, et la chute de l'histoire plus travaillée dès les premiers chapitres, afin de relayer l'action elle-même.

Des idées, mais peut mieux faire...