La sorcière du marais
		Sturgeon, Théodore Edition : Les Belles Lettres, Collection : Le cabinet noir 1998, 255 pages ISBN : 2-251-77107-7 6,45 €

Rassemblant neuf nouvelles écrites entre 1947 et 1971, cet excellent recueil permet de découvrir (ou de redécouvrir) un auteur plus prolixe en nouvelles qu'en romans et dont les textes, naviguant entre Science-fiction et Fantastique, abordent des thèmes encore très actuels.

Théodore Surgeon conquiert d'emblée le lecteur avec son Abominable invité, en nous narrant les aventures de Ransome, un homme guère scrupuleux et plutôt cynique qui se trouve, une nuit, face à un interlocuteur quelque peu surprenant.

La sorcière du marais nous plonge en plein bayou, évoquant la chaleur et les moustiques de la Louisiane, mais aussi d'étranges et terrifiants rituels.

Dans Tournure d'esprit, un écrivain, amateur de récits fantastiques, va s'apercevoir que l'extraordinaire peut aussi se rencontrer, parfois, dans la réalité.

Douce-Agile ou La Licorne change de ton et nous révèle un conte magique dont les protagonistes ne sont pas des fées.

La peur est une affaire nous apprend jusqu'à quelles extrémités le mensonge peut conduire, et les terribles conséquences qui en découlent alors.

Avec L'homme qui apprit à aimer, Théodore Surgeon nous offre toute la douceur et l'utopie d'un superbe conte philosophique. À ne pas rater !

Puis Case et le Rêveur, à mi-chemin entre Science-fiction et Fantastique, raconte ce qu'il advint de Case et de Jan, uniques rescapés de l'essai d'une nouvelle version d'un mode de propulsion hyperspatial, après un atterrissage sur une planète inconnue.

Le dossier Verity, rédigé sous forme de notes de service, souligne les contradictions morales des grands groupes pharmaceutiques et nous donne une amusante définition de l'éthique.

Ce recueil de nouvelles s'achève sur le magnifique Scalpel d'Occam, une superbe histoire de deux frères qui aimeraient bien pouvoir changer le cours du destin

Théodore Sturgeon (déclaré à l'état civil sous le nom d'Edward Hamilton Waldo) est mort en 1985, mais nul doute que ses nouvelles hanteront encore longtemps les bibliothèques et les mémoires. Sa vision un peu utopiste et ses histoires douces-amères emportent avec elles une petite brise rafraîchissante bienvenue dans des genres littéraires où la noirceur glauque l'emporte (trop ?) souvent.

Et lorsque l'on apprend qu'un de ses ancêtres a introduit en Haïti, vers 1640, l'idée d'un clergé dissident, idée qui a su séduire les esclaves noirs venus d'Afrique, on ne peut qu'être troublé. Car, selon Sturgeon : « Du mélange de la doctrine de Waldo et des rites africains naquit le vaudou, corruption du mot Waldo. » Une raison de plus, s'il en fallait une, pour se lancer sur les traces de La sorcière du marais.