Le cabaret vert - Deuxième édition
		Valls de Gomis, Estelle Edition : Nuit d'Avril 2006, 206 pages ISBN : 2-35072-016-0 15,50 €

La plume d'Estelle Valls de Gomis est de celles dont on savoure le style, l'ambiance et le langage, une délicatesse un peu désuète et néanmoins exquise qui nous entraîne de la mythologie grecque aux vampires pour une évasion raffinée dont on se dit, le voyage achevé, qu'il était presque un brin trop court.

On trouvera dans Le Cabaret vert, ouvrage préfacé par Léa Silhol, dix-huit superbes nouvelles, à commencer par La Statue qui promène le lecteur entre délires oniriques et réalité étrange, avant de le plonger au sein des profondeurs marines aux côtés de Posée pour Les Frères du Corail.

Rouge comme l'Aveu nous offre une escapade sur les rives de la mort, ou plutôt de la non mort, avec le récit dun meurtre qui, peut-être, n'a jamais été commis, puis un retour à la mythologie avec Circé et la Malédiction du Déméter, un récit qui nous fait approcher les sirènes dans leur cache liquide.

Mon Frère distille la mélancolie des maudits, mélancolie qui frappe aussi le protagoniste du Destin d'Anicet de Saint-Amour, un monstre selon nos critères moraux mais pour lequel on ne peut s'empêcher de ressentir de l'empathie. Derrière le Mur revisite le mythe d'Ulysse avant que la douce Alba si pâle ne fascine deux dandies heureusement prévoyants.

L'humour sous-jacent dans Le Libertin, le Dandy et le Loup Noir offre une parenthèse décalée bienvenue, puis Le Couvre-lit de Velours aborde le thème du fétichisme et de ses conséquences, parfois inattendues.

Dans des Torrents d'Or pur, ou les Ors de Poséidon, Alistaire Murray apprend que la curiosité n'est pas toujours une qualité, tandis que Sent pour Sang se pose en ode à nos cinq sens dont le principal semble bien être l'odorat chez Estelle Valls de Gomis.

Une balade parmi des antiquités se révèle moins anodine qu'il n'y semblait dans Le Tombeau de Livres, et Les Lames du Temps, poétique à souhait, nous dévoile une âme torturée par la compassion.

La Métamorphose d'Aphrodite se joue du manque de cervelle de certaines divinités alors que Le Sang de l'Art nous fait découvrir un peintre très particulier. Cent fois Prométhée réussit l'exploit de lier ensemble deux mythes à première vue inconciliables, et Dans les Draps de Morphée clôt ce splendide ouvrage sur une ultime note fantasmagorique.

Avec cette réédition de Nuit dAvril, de très belle facture et illustrée avec goût par Michelle Blessemaille, Estelle Valls de Gomis nous prouve, si besoin en était, qu'elle sait mêler l'encre et l'absinthe pour créer une palette où les amateurs du genre trouveront sans peine la couleur qui leur sied, qu'elle soit or, pourpre ou bleutée. Un Cabaret Vert à déguster jusquà la lie.