Les rails d'Incertitude (Les chroniques glaciaires - Tome 1)
		Arnaud, G.J Edition : Fleuve Noir, Collection : Métal 252 pages ISBN : 2-265-06140-9 5,66 €

Sadon est le seul membre de sa tribu à utiliser un langage articulé, refusant les simples grognements comme moyen d'expression. Il est également le seul à conserver des livres dans son sac, refusant à sa famille-tribu le luxe de s'en servir pour faire du feu. Un jour, alors qu'il est à la poursuite d'un troupeau de rennes, il tombe sur l'entrée d'une caverne et décide de l'explorer. L'atmosphère de celle-ci est anormalement chaude et oppressante et il en conclut qu'avec la proximité des bêtes, ce serait un endroit confortable où installer sa tribu. Voulant rebrousser chemin, il se retrouve bloqué par le retour du troupeau de rennes et n'a dautre choix que de s'enfoncer plus avant dans cette grotte. Alors qu'il se prépare à dormir une vive lumière suivie dun vacarme effrayant l'oblige à se cacher en toute hâte.

Les Chroniques Glaciaires sont des compléments apportés à la Compagnie des Glaces. Elles exposent des « documents », des « archives » se situant bien avant cette série. Ce premier tome traite de la découverte et de la mise en service de la première ligne de chemin de fer. Le personnage principal, Sadon, dont on peut penser qu'il est un ancêtre de Floa Sadon croisée dans La Compagnie, est un chasseur, et donc considéré comme primitif. Délaissant sa famille au profit des hommes plus civilisés, il va se laisser entraîner par le rêve de Rogger et découvrir un ancien dépôt de rail ainsi qu'une poseuse ; découverte qui va marquer le début du règne ferroviaire. Dans l'esprit de Sadon, le but de l'installation de ce réseau est de relier les hommes entre eux, de faciliter les échanges et d'amener la paix. Cependant, les failles de ce raisonnement vont très vite apparaître par le biais du personnage d'Elphraos, qui cristallise à lui seul l'intolérance que va engendrer le développement du rail et amener leurs descendants à interdire tout autre mode de transport.

La recette est la même que celle utilisée dans la série précédente : style simple et efficace mais avec moins de maladresse dans la construction des phrases. Les personnages sont sommairement décrits bien que l'auteur s'attarde un peu plus sur l'anatomie féminine. Arnaud, qui s'est illustré dans l'écriture de polars, continue de manier le suspense mais avec moins de bonheur, moins de profondeur. Le fanatisme religieux est toujours très présent à travers les Croisés de l'Eglise Grégorienne du Vatican, ancêtres des Néo-Catholiques, dont la description rappelle sans équivoque les Templiers ordre religieux et guerrier. Là encore les préceptes catholiques sont appliqués de la manière la plus sévère qui soit et la représentante la plus acharnée est une femme. Il est vrai qu'elles n'ont pas spécialement le beau rôle qu'il sagisse de Bruni, de Slava, une « Achetée » dont on a abusé et qui a du mal à évacuer sa haine, ou encore de Bella.

Dans l'ensemble, ce roman est rapide et facile à lire. Il présente l'intérêt de compléter certaines lacunes de La Compagnie des Glaces en en exposant la genèse. Cependant, il perd de son attrait si on n'a pas lu la série fleuve à laquelle il se rattache et les précisions qu'il apporte sont alors dérisoires et futiles.