Satan 666 (Tome 1)
		Kishimoto, Seishi Edition : Kurokawa 2005, 184 pages ISBN : 2-351-42022-5 6,50 €

Ruby Crescent est une aventurière qui parcourt le monde à la recherche de trésors fabuleux, des armes ancestrales appelées O-parts qui confèrent à leurs utilisateurs de nombreuses facultés guerrières. Sur le point de servir de déjeuner à une tortue géante, Ruby est sauvée par un jeune garçon dénommé Jio. Celui-ci va dès lors devenir son garde du corps, ce qui ne sera pas de tout repos, puisque leur route sera remplie de dangers.

Satan 666 a été beaucoup comparé à Naruto, l'oeuvre du frère jumeau de l'auteur. C'est sans doute valable pour le fond le dessin est très proche et certains personnages sont similaires d'une oeuvre à l'autre mais c'est faux pour la forme, qui s'apparente plus à Dragon Ball. Il ne s'agit pas d'une évolution au sein d'un même milieu le village de Konoha et les rivalités ou alliances entre ninjas mais bien plus d'un voyage, d'une aventure. Cependant, si le début de l'histoire a le bon goût d'un Toryama avec cette chasse au trésor dans un univers aux monstres gigantesques et aux architectures amusantes , la suite redevient beaucoup plus répétitive, puisque cet aspect est négligé pour laisser la place à une succession de combats parfois brouillons et manquant d'intérêt. Cela est dû au fait que le héros dispose d'une arme secrète qu'il ignore : la présence d'un démon en lui.

J'en profite pour pousser un coup de gueule contre l'abondance de ce type de personnage à personnalité multiple renfermant une entité maléfique qui, par miracle, les sauvent toujours du danger. Cela commence à devenir un topos du manga et la répétition n'est pas un gage de qualité. Les caractères ont d'ailleurs tendance à trop se simplifier et à perdre de leur charisme à cause de ce procédé qui permet de créer un personnage tout gentil dans lequel les aspects négatifs existent, mais sont systématiquement placés dans cette sombre partie.

Le second aspect que j'aimerais critiquer est narratif. Toryama ne révélait le monstre de sanGoku qu'à partir de la fin du second volume. De même, le démonrenard de Naruto n'apparaît pas tout de suite, mais seulement lors de leur première sortie du village. L'histoire prenait alors le temps de se construire. Maintenant, comme s'il fallait tout de suite accrocher le lecteur, l'aspect extraordinaire est présenté en premier, tuant, dans l'oeuf, le suspens. Dommage. Pourtant, malgré ce lieu commun, Naruto a réussi, par son inventivité, à devenir une valeur sûre du manga actuel. On ne peut que l'espérer de Satan 666. Ce sera sans doute le cas, si l'auteur arrive à se démarquer en adoptant un récit plus tourné vers l'aventure que le combat.