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Substance Mort |
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Dick, Philip K. Edition : Folio SF
ISBN : 2070415775
4,75 € |
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Le truc de Bob c'est les séquences fictions. Les trips qu'on se fait dans sa tête juste pour soi. Dans sa préférée Bob Actor est un cobaye exhaustif et méticuleux. On teste tout sur lui. Toutes les plantes, les poudres, celles qui s'avalent, s'injectent, s'inpirent. Tout, et n'importe quoi pourvu que cela soit doté de propriétés neurophysiologiques exotiques. Bien sûr le summum pour Bob reste la substance M, son premier flirt, la Substance Mort douce et explosive comme la petite mort, comme son premier shot. Drogué, flippé, accro, camé, esclave, paranoïaque, junkie, dealer, et bien plus encore. Car dans une autre vie ou une autre réalité Bob est également Fred, l'homme sans visage, le flic des stups, l'élite de l'infiltration. Le truc de Fred c'est les enquêtes, exhaustives et méticuleuses. En ce moment il cherche dans l'entourage d'Actor, ses potes, sa nana, en quête des gros trafiquants. Mais Fred a manifestement du mal à concilier ses deux vies: sa vie monastique dévouée à une bonne cause et à l'Etat (ou à la cause de l'Etat ?) et sa vie passionelle de junkie ou se mélange came, quasi-sexe et amitié. A laquelle des deux vies se raccrocher ? Bob commence à furieusement baliser comme il se sent de plus en plus traqué. Alors il se défonce plus que jamais. Du coups les pensées de Fred s'embrument et se confondent. Bob ne sait plus trop à qui se fier, quelle vie préférer, quelle voie Fred doit choisir. A moins qu'il n'y soit pas obligé. Car il parait que des experiences ont montré qu'on pouvait, à base de shots savamment dosés, diviser artificiellement la personnalité. Qui sait, avec ce qu'ingurgite Fred peut être que Bob saurait se faire oublier... et reciproquement. Si l'univers des junkie était l'eau crade et huileuse remuant bizarrement dans le fond d'une vieille baignoire rouillée, ce roman incarnerait le type qui vous attrappe vivement par le col, vous retourne une claque des plus cinglantes, et vous plonge sans plus d'explication la tête dans l'eau. Vous decouvririez alors que l'eau est vraiment sombre, glauque et poisseuse, mais que les remous qui l'agitent vous caressent, vous touchent et vous parlent. Et bien vite vous comprendriez comment on peut se noyer dans cette eau en y prennant goût. Brutale, franche, vive, crue, mais marginalement rattachée à la SF, cette oeuvre débridée dépasse largement l'habituelle reflexion sur la réalité qui y est développé par l'auteur. D'ailleurs Dick dit lui même de Substance Mort qu'il l'a écrit pour dénoncer la drogue et non pas eux qui en sont victimes, et pour comprendre plutôt que pour juger. L'objectif est accomppli tant il est impossible de nier les traces indélibiles que laisse cette immersion noire, cynique, et poignante
Ecrite par , le 03 Juillet 2002 à 14:07 dans la rubrique .
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