La Légende de Marche-Mort
		Gemmell, David Edition : Bragelonne 2005, 358 pages ISBN : 2-915549-38-9 20 €

La forteresse de Dros Delnoch est assaillie par les troupes nadires de l'unificateur Ulric. Pour défendre la place forte face aux hordes ennemies, il n'y a qu'une poignée d'hommes, des fermiers pour la plupart et donc non formés aux maniement des armes. Parmi le peu de soldats chevronnés, pourtant, se trouve Druss, dit La Légende ou le Marche-Mort, véritable machine de guerre venue livrer ici son ultime combat. Profitant de l'accalmie nocturne, Druss part à la rencontre des jeunes recrues. À cette occasion, il fait la connaissance du jeune Pellin. Au cours de leur discussion, Druss raconte à Pellin la façon dont il a acquis son terrible surnom, Marche-Mort, qui lui a été attribué par le peuple Nadir au cours de la quête qu'il a entreprise pour trouver les mystérieux joyaux d'Alchazzar. Afin d'entrer en leur possession, il va devoir effectuer un voyage au coeur du Vide, jusqu'au terrifiant Giragast dans le but de délivrer l'âme de Shul-sen la sorcière retenue prisonnière par Chakata. Un dernier voyage à travers le monde de la Mort dont personne n'est censé revenir. Mais la légende est en marche

Ce roman s'inscrit dans la lignée des aventures de Druss, personnage découvert dans Légende. L'action se déroule durant la bataille de Dros Delnoch mais celle-ci sert ici de prétexte à exposer un des hauts faits d'arme de Druss, exploit accompli par le passé lorsqu'il était plus jeune. Druss représente l'archétype du guerrier, taillé pour se battre et pour effrayer l'adversaire par son unique présence. Il a l'intelligence de sa fonction, c'est-à-dire qu'il pratique plus aisément la hache que le verbe. Il prend sa véritable dimension sur le champ de bataille. Ce n'est pas un personnage véritablement complexe, c'est une personnalité dont le sens de l'honneur et des valeurs sont le guide. Il trouve son pendant dans son compagnon de route, le poète Sieben pour qui l'usage et le maniement des mots sont une seconde nature. Druss aime les affrontements comme Sieben aime les femmes. Aussi différents qu'on peut l'être, leurs discussions animées et leurs rapports parfois conflictuels apportent la touche humoristique nécessaire à ce genre littéraire.

Ce récit est principalement axé sur les scènes de batailles ainsi que sur le développement des stratégies, des tactiques guerrières. Il met un accent particulier sur le code de l'honneur qui existe à divers stades : amical, guerrier ou bien tribal. Talisman a beau être un compagnon d'armes de Druss, il n'hésiterait pas une seconde à le supprimer pour s'emparer des joyaux considérés, à juste titre, comme un trésor nadir.

Ce roman est à l'image de son personnage principal : simple, efficace et présent sur tous les fronts. L'auteur a parfois recours à des facilités, des ficelles un peu grossières. Il est assez aisé d'anticiper certaines actions et révélations. Le style d'écriture est en accord avec l'ensemble du récit : sans fioritures, direct et les introspections ne sont jamais inutilement prolongées. Ce livre présente un schéma d'héroïc fantasy somme toute assez classique. Gemmell utilise un cocktail ayant déjà fait ses preuves : beaucoup d'action, une pincée d'humour, un zeste d'amour le tout saupoudré de magie. Il est sans prétention mais il fait l'essentiel : atteindre son but qui est, en définitive, de divertir le lecteur. Il représente une véritable illustration du slogan d'un match de rugby : « Viril mais correct » !