Les Noctivores (Chromozone - Tome 2)
		Beauverger, Stéphane Edition : La Volte 2005 ISBN : 2952221731 20 €

Il est peut-être temps de découvrir Stephane Beauverger. Ceux qui n'ont pas lu son premier forfait, Chromozone, accourrez, tendez votre main et n'ayez pas peur, c'est contagieux.
Dans le wagon direction Ouessan, les afficionados demandent: "Qu'est devenu Gemini ?" "Et Khaleel, as-tu des infos sur les plans qu'il prépare ?" Bizarrement, personne n'ose poser de questions à propos de Peter Lerner. Ouais, ben je vais quand même vous le dire, et autant vous avertir, ça calme : Peter a abandonné le projet Mandala, il a trouvé mieux... Et à côté, la faction Orage, c'est de la gnognote.

Petite synthèse de cours pour les absents, histoire de mettre tout le monde à niveau : on se la coulait douce en Europe, à peu près comme maintenant, jusqu'au jour où Laurie Deane lâcha Chromozone sur le monde. Et l'ordre laissa la place au chaos. Depuis, le virus a eu la bonne idée de muter. La ville de Marseille, entre autres, a été contaminée, et les habitants se sont transformés en zombies assoiffés de sang, le genre pas commode.
Les Noctivores se situent huit ans après les évènements du premier volume. Entre temps, Peter Lerner s'est fait lui aussi contaminé par le chromozone et Khaleel a pris le contrôle de Marseille. Quant à Gemini et Justine, ils se terrent à Ouessan. Question climat diplomatique, on a déjà vu mieux. Et c'est pas l'arrivée sur le marché des pions à manipuler comme Cendre, une sorte de Super-Jésus, qui va améliorer la situation.

Stéphane Beauverger est un créateur de personnages. C'est son plus grand atout, sa force principale. Après avoir "tué" son perso fétiche, Teitomo, on pouvait craindre un affaissement de l'histoire, genre gâteau sans levure. Heureusement, cet auteur virtuose a plus d'un tour dans son sac. Non seulement il réinvente son cadre narratif en introduisant Cendre, une sorte de Sauveur pour monde en déperdition, mais il se permet, audace suprême, d'évacuer du roman presque toute trace de violence.

Si l'atmosphère reste la même, le type de tension qui l'habite est ainsi radicalement autre. Comme si une floppée de fauves s'étaient fait enfermés et n'attendaient que l'ouverture de la cage pour se jeter à la gorge. A noter aussi que cet épisode contient son lot de rebondissements et se termine de la plus audacieuse des manières, le lecteur étant laissé en plan tout comme la plupart des personnages.

Seule tache au tableau : un an d'attente avant la publication de La Cité Nymphale, conclusion qu'on espère à la hauteur de ces deux tomes singuliers et jouissifs.