La Compagnie des Glaces (Tome 1)
		Arnaud, G.J Edition : Fleuve Noir 700 pages ISBN : 2-265-06135-2 11,69 €

À la suite de l'explosion de la lune, des particules de poussière planent entre le soleil et la Terre. Cette dernière, ne recevant plus la chaleur et la lumière solaires subit une seconde ère glaciaire. Les humains sont contraints de vivre sous des dômes chauffés et sont dépendants des Compagnies ferroviaires qui se sont emparées du pouvoir en créant un véritable empire du rail. En marge des humains vivent les Hommes Roux dont les origines demeurent mystérieuses et qui sont capables d'affronter les froids les plus polaires. Lien Rag, blessé de guerre et glaciologue de son état, voit sa vie basculer le jour où il assiste malgré lui à la déportation puis à l'exécution d'un groupe d'habitants. Par la suite son intérêt pour les Roux et leur origine le mènera doucement mais sûrement vers la désertion et la rébellion.

Ce roman d'anticipation se présente comme une fresque épique dont le personnage central est un humain plutôt ordinaire que rien ne prédestinait à une vie marginale. Á travers le prisme fictionnel d'une planète prisonnière des glaces, d'un monde contrôlé par des Compagnies imposant le rail comme mode de vie, G.J Arnaud décrit les travers d'une époque jeune mais déjà décadente. Les conditions de vie ont changé mais pas les murs ni les personnes. Les aspects les plus sombres de l'Histoire humaine sont ici exposés comme étant devenus des comportements tolérés et couramment utilisés (l'esclavagisme, la déportation, le racisme etc.) Sur fond de guerre, de montée de l'extrémisme religieux, de sexe et de violence, ce roman se présente comme une critique sociale.

Il est évident ici que le fond est plus important que la forme. Le style est simple, relevant plus de l'oralité que de l'écrit. L'utilisation de la juxtaposition est privilégiée par rapport à la coordination. Les liaisons de phrases se font par le biais de la ponctuation, la virgule la plupart du temps, plutôt que par des conjonctions. Cela a pour conséquence un manque de fluidité à la lecture ainsi qu'un manque de relief. Le style est lapidaire, dépouillé voire famélique. Il n'y a pas d'excès de chair autour du squelette romanesque. L'absence de description des personnages, le privilège accordé à l'action ainsi qu'au suspens, les fantasmes sexuels en font un roman dont l'univers est indéniablement masculin et ce malgré la présence de nombreux personnages féminins.

Malgré ces quelques défauts, minimes il faut bien l'avouer, ce roman est un voyage passionnant, une découverte intéressante dont le héros Lien Rag est la clé de voûte. On vit au rythme de sa curiosité, de ses amours, de sa soif de savoir et de connaissances, ainsi que de sa volonté de sauver les Roux. Une immense fresque à découvrir  et à lire sans modération ni hésitation.