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Le Dit d'Aka |
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Le Guin, Ursula Edition : Le Livre de Poche, Collection : Science-fiction
2005, 539 pages
ISBN : 2-253-11092-2
8,50 € |
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Sutty est née sur Terre, mais lorsqu'elle descend sur la planète Aka, c'est en tant que représentante de l'Oeucumen, la fédération réunissant les différents mondes de la Galaxie. L'objet de ses recherches est d'établir si oui ou non l'ancienne culture orale a survécu, s'il existe encore des lieux où perdurent les anciennes traditions, quand toute la population d'Aka semble s'être brusquement tournée vers le scientisme. Pourquoi chercher à préserver la culture d'un peuple, vieille de plusieurs millénaires, quand le peuple lui-même désire la rejeter ? Peut-on garder une population de ses propres folies, quand on est soi-même, bien qu'involontairement, à l'origine du malheur ? Que peut faire une société technologique pour préserver l'archaïsme sur certaines planètes, quand les moyens qu'elle emploie pour ce faire sont précisément l'envers radical de ce qu'on entend sauvegarder ? Voici quelques-unes des nombreuses questions qui germent dans l'esprit, à la lecture du Dit d'Aka. Sa dimension spéculative ne se limite pas à ces ébauches de questions, et n'occulte d'aucune manière l'immense valeur littéraire du roman, aux qualités stylistiques, didactiques et scenaristiques incomparables. Le Dit d'Aka laisse deviner un auteur à l'imagination luxuriante, dotée d'une maturité toute féminine, et pour qui les mots magie, spiritualité et religion ont gardé leur éclat propre sans tourner pour autant le dos à une rationnalité véritable. Comment, dès lors, en rendre compte, comment vous donner envie de lire ce roman, puis le second qui l'accompagne, Le nom du monde est forêt (encore plus puissant et donc indicible selon moi), quand je dois avoué être totalement dépassé, battu en brèche pour une oeuvre dont il est impossible de faire le tour en quelques mots. Comment par exemple évoquer sans en subvertir l'esprit cette manière si particulière de mener une intrigue ? A proprement parler, le suspens, les retournements de situation, les tensions, tous ces ressorts narratifs semblent absents. Et pourtant, aucun doute là-dessus, nous sommes tenus en haleine. La langue employée par Ursula le Guin, fort simple, opère à la manière d'un charme puissant. Elle parvient à faire endosser à notre psyché un nouveau vêtement, au moins pour le temps de la lecture. Un voyage au-delà des préjugés, via les chemins broussailleux de l'Imaginaire, où l'on découvre qu'il est encore possible d'aimer une science-fiction optimiste, ou du moins libérée du cynisme.
Ecrite par , le 18 Août 2005 à 08:08 dans la rubrique .
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