La jeune fille et les clônes
		Brin, David Edition : Pocket, Collection : Sf ISBN : 2266111345 48,60 FF, 7,41 €

La jeune fille c'est Maia. Et les clones, à peu de choses près, ce sont toutes les femmes de Stratos, sauf elle bien sûr, et sa soeur Leie. Car, toutes deux n'ont pas eu la chance de naître clonées en hiver, comme les filles des clans puissants. Non, Maia et Leie ne sont que de méprisables vars, nées d'une dégoutante reproduction hétérosexuée estivale. Il arrive, en effet, que des hommes parviennent à s'échapper du sanctuaire dans lesquels on les enferment durant leur saison de rut. Les rejetons feminins de ces unions lubriques reçoivent tout de même une éducation avant d'être chassés et invités à fonder leur propre clan. Mais il y a beaucoup de prétendantes et peu d'élues, la plupart des vars finissent leur vie domestiques, religieuses ou pirates. Sauf que Maia et Leie ont un plan.

Elles ont un avantage sur leur compagnes d'infortunes car elles sont soeurs jumelles. Et dans un monde régit par des clones, la ressemblance physique est un ascendant social indéniable et immédiatement identifiable. Et elles l'ont bien compris. Elles comptent dessus pour se faciliter un peu la vie au dehors, et même parvenir à fonder leur propre clan. Évidemment elles savent que rien n'est gagné d'avance et qu'ils leur faudra affronter bien des épreuves avant de réussir, mais elles ont la foi et ont assimilés tous les rouages de Stratos...

Mais, bien sûr, leur exil forcé leur réserve un bon nombre de surprises concernant leur monde. Notamment sur la lutte des clans et des partis politiques. Impossible de ne pas choisir entre les Perkinistes qui veulent se débarrasser une bonne fois pour toute des inutiles hommes, et les Radicales qui luttent au contraire pour leur droits. Impossible, à moins de vraiment faire bouger les choses...

David Brin signe là un roman très intrigant. C'est, une fois n'est pas coutume, une tentative très intéressante de présentation d'une utopie basée sur le clonage. Pas de fourmilière ni de négation irréaliste de l'individu dans cet essai, qui, bien au contraire, fait voler en éclat quelques uns de ces clichés. La politique en oeuvre au sein de cette société est finement étudiée et brossée en fonction de cette hypothèse de départ, et le résultat est très convaincant. Le tout est parsemé de quelques bonnes idées, comme par exemple une édition moderne du jeu d'échecs sous la forme d'un jeu de la vie à la Conway. Malgré un scénario qui n'a rien d'exceptionnel sans être toutefois complètement téléphoné, et un style parfois un peu lourd de descriptions, je conseille tout de même vivement la lecture de ce roman à tous ceux qui rêvent de découvrir de nouveaux mondes utopiques aussi complexes que fascinants.