Blame ! (Tome 10)
		Nihei Edition : Glénat 2004, 232 pages ISBN : 2-7234-4729-4 6,40 €

Si le volume 9 vous avait enthousiasmé, ce dixième épisode vous fera pleurer. Nihei s'est ici surpassé. Sur le plan esthétique, cet opus est une véritable prouesse artistique, un savant plaisir visuel renouvelé de pages en pages. Sur le plan scénaristique, Nihei réactive son désormais ultra-classique schéma narratif « Killy avance dans le cyber-donjon et rencontre un ennemi à chaque nouveau pallier » et nous démontre qu'il n'est jamais aussi bon que lorsqu'il travaille sur la durée, la répétition, et la variation subtile.

Pages après pages, le semblable semble succéder au semblable. Toujours des décors vides, pharaoniques et gigantomanes. Toujours des ennemis aux allures de pantins désarticulés (on ne voit plus Innocence ou Dark City de la même manière, après avoir lu Blame !). Mais dans cette cabale de l'identique viennent se glisser des éléments impromptus et inattendus.

Ce sont d'abord ces curiosités visuelles, ces innovations graphiques et ces changements d'atmosphère qui rendent impossible une habituation définitive au style de Nihei. Cases tachetées d'encre, paysages comme déformés à la loupe pour un Wonderland techno-futuriste, colonnades et piliers à la Peeter et Schuitens, la profusion esthétique est au rendez-vous !

Ce sont ensuite ces quelques phrases chocs qui plus qu'un enchaînement de répliques tourmentent le lecteur de mille nouvelles questions. Ceux qui souhaitaient en apprendre plus sur la nouvelle enquêtrice risquent d'être perturbés. De même pour les fans de Shibo.

Enfin, ce sont les dernières pages du volume, habilement colorées (ça faisait longtemps !), qui transfigurent le talent de Nihei dessinateur et augurent la qualité de l'adaptation en japanim. Tons pastels bleu outre-mer et vert turquoise, voilà qui motive une seconde lecture avec un regard neuf.

Ahhh, je ne sais pas vous, mais pour ma part, je n'aime jamais autant Nihei que dans ces moments-là.