Un héros sans coeur (Showman Killer - Tome 1)
		Jodorowsky & Fructus Edition : Delcourt, Collection : Neopolis 2010, 48 pages ISBN : 978-2-7560-1942-0 13,95 €

Le docteur Courcolain arrive avec son assistante sur la planète prison d'Halkatrass. Sa visite est totalement intéressée : il est là pour prélever la semence d'un détenu dangereux, Joe Mange-Boyaux. Ce dernier est d'ailleurs actuellement en train de se faire scier en deux, mais qu'importe : le processus d'extraction fonctionne également sur les cadavres... La semence ainsi recueillie dans le plus grand secret est utilisée pour féconder une très jeune fille dans le coma depuis dix ans. Neuf mois plus tard, un garçon naît. Il ne connaîtra jamais la chaleur d'une mère. Seul l'argent et la destruction lui procureront désormais un quelconque semblant de plaisir, d'autant qu'une opération a privé l'enfant très tôt de toute forme de sentimentalisme.

Showman Killer, puisque tel est son nom, subit un entraînement hors du commun jusqu'à son passage à la vie adulte, où il impressionne l'omnimonarque en battant tous ses adversaires dans une arène. C'est aussi l'occasion pour Showman de se rebeller contre ses créateurs : il tue ces derniers devant l'omnimonarque, et fait comprendre à ce dernier que tant qu'il paiera plus que ses adversaires, il aura toujours Showman à son service...

Showman est ainsi maintenant un être que seul l'argent intéresse. Il va de planète en planète afin d'y faire valoir sa force en échange de millions de kublars, la monnaie de cet univers... Mais la cupidité va avoir des conséquences catastrophiques : alors que la femme et l'enfant de l'omnimonarque étaient menacés par une rébellion, Showman n'a pu arriver à temps. Il ne pourra que venger son payeur en massacrant les rebelles, jusqu'à ce qu'étrangement, de curieux sentiments viennent corrompre l'âme du froid tueur...

Nous voilà repartis dans une ambiance purement jodorowskienne... Le monde présenté ici est ultra-violent, et les textes et dialogues ne font une nouvelle fois pas dans la demi-mesure, un peu comme le premier tome d'Ogregod, du même scénariste, sorti récemment chez le même éditeur. Les amoureux de ces univers si particuliers y trouveront donc leur compte, forcément. Plus loin dans le temps, il sera difficile de ne pas comparer Showman aux personnages rencontrés dans La caste des méta-barons, série parue en huit tomes à l'époque aux Humanoïdes Associés.

Graphiquement, c'est un dessinateur nommé Fructus qui a eu l'occasion de faire montre de son talent. C'est beau et détaillé à souhait de ce point de vue là. Les planches sont finement colorées et aident sans souci le lecteur à se plonger dans cette ambiance évidemment volontairement sombre et glauque. La minutie peut cependant avoir un revers : celui du mouvement. Pourtant ici, les scènes de combat ne sont pas en reste de ce côté là : un excellent point donc pour les planches de Fructus.

Il ne reste qu'à souhaiter bon vent à une série qui démarre de très belle manière : vivement la suite, afin d'y admirer de nouvelles planches détaillées à souhait !