L'esprit perdu (Messire Guillaume - Intégrale)
		Bonneval (de) & Bonhomme Edition : Dupuis 2010, 289 pages ISBN : 978-2-8001-4941-7 21 €

Hélis a disparu. Son petit frère, Guillaume, est très inquiet. Sa grande soeur semblait persuadée, avant sa fuite, être en contact avec leur père décédé peu de temps auparavant. Sans Hélis, Guillaume se sent bien seul... Leur mère semble plus préoccupée par son remariage que par la tristesse de ses enfants. Le jeune garçon décide donc de partir seul à la recherche de sa soeur. Il va assister malgré lui à l'attaque d'un village voisin et se trouve placé sous la protection d'un bien étrange chevalier...

Le duo, après diverses péripéties, se trouve augmenté d'un troubadour et d'une chèvre aux mystérieux pouvoirs. Guillaume, malgré son jeune âge, mène cette extraordinaire compagnie. Il sait qu'il lui faut retrouver la trace de son père. Mais bien des épreuves l'attendent au détour du chemin...

L'esprit perdu regroupe les trois tomes de Messire Guillaume (Les contrées lointaines ; Le pays de vérité ; Terre et mère) parus chez Dupuis entre 2005 et 2009. L'avantage de ce type de parution en intégrale, c'est que quand on découvre l'oeuvre, on n'a pas pas la frustration de devoir attendre plusieurs mois – voire plusieurs années – pour aller au bout de l'histoire. Surtout quand l'histoire en question nous séduit ! C'est le cas ici. Gwen de Bonneval nous propose un scénario d'excellente facture, une quête initiatique où des personnages attachants vont traverser des pays mystérieux emplis de créatures étranges. Cet univers est très cohérent, mêlant un Moyen-Âge fantasmé à un merveilleux tantôt créé de toute pièce, tantôt empruntant à la mythologie (les centaures, les harpies, le phénix...).

Matthieu Bonhomme met en image ce monde avec beaucoup de talent. Les dessins sont en noir et blanc, le trait est à la fois précis et doux ; les personnages humains et les décors sont rendus avec beaucoup de réalisme ; les créatures surnaturelles et les paysages fantasmés ont une belle puissance d'évocation. Le découpage est très dynamique, de même que l'agencement des cases (je pense notamment aux scènes de fuite, ou de batailles). Le format assez réduit, et à l'italienne, m'a rendu la lecture très agréable.

En somme, une très bonne BD, qui a le mérite, de par les thèmes abordés (la famille, la construction de soi) et la clarté avec laquelle ils sont traités, de pouvoir être appréciée par le plus grand nombre. Elle a d'ailleurs reçu au Festival d'Angoulême un Fauve-Intergénérations bien mérité.