Histoire de la princesse de Montpensier
		Lafayette, Madame (de) Edition : Folio 2010, 136 pages ISBN : 978-2-07-036094-9 2 €

Ce fascicule passionnant regroupe trois textes de Mme de Lafayette, deux nouvelles et un extrait de son roman Zaïde.

Histoire de la princesse de Montpensier : la princesse de Montpensier est si belle que, outre son mari et le meilleur ami de celui-ci, le comte de Chabannes, sont amoureux d'elle le duc d'Anjour (futur Henri III) et le duc de Guise. Amoureuse de ce dernier depuis avant son mariage, et alors qu'elle se met en danger pour lui, il l'abandonne et elle meurt.

Histoire de la comtesse de Tende : elle tombe amoureuse de celui que sa meilleure amie veut épouser. Elle découvre en même temps qu'elle est enceinte de ses oeuvres et qu'il a été tué. Elle avoue tout à son mari et meurt.

Histoire d'Alphonse et de Bélasire : le premier aime la seconde, qui l'aime également, mais il est jaloux à se rendre insupportable, jusqu'à la rupture.

Les personnages féminins de Mme de Lafayette font froid dans le dos, par le peu de latitude que semblent avoir ces femmes pour vivre. On peut penser que la princesse de Montpensier, à mon avis la moins intéressante du lot, est bien faible et mal armée, et choisit mal son amour, mais de là à en mourir ! Quant à la comtesse de Tende, délaissée par son mari, il ne lui est pas pour autant permis de s'en consoler avec un autre. L'histoire de Bélasire est encore plus emblématique : son futur mari a, plus que tout, la passion de la jalousie (à mon sens, La prisonnière, de Proust, lui doit beaucoup...), et elle repère justement qu'il lui ferait une vie infernale s'ils en venaient effectivement à se marier, ce à quoi elle renonce donc. Partant de là, on pourrait donc penser qu'elle est sauve. Que nenni !

A ce stade, j'en viens logiquement à me demander quel est le but de l'auteure à nous décrire ainsi le destin fatal qui guette toutes ces héroïnes pourtant fort différentes les unes des autres (surtout si on y inclut la princesse de Clèves, dont le cas est encore différent, si sa fin est identique). Sans doute, en bonne sympathisante du jansénisme, ou pour tout autre raison, Mme de Lafayette considérait-elle que la passion ressortissait à l'enfer, et ne pouvait mener qu'à la mort, précédée ou non du cloître. Cette explication justifierait, en tout cas, la mort du mari de la Princesse de Clèves, déraisonnablement amoureux de son épouse.

En tout cas, pour qui est curieux de l'auteure en craignant de se lancer dans les quelques centaines de pages du célébrissime La princesse de Clèves, ce petit recueil est parfait : représentatif du superbe style de l'auteure, qui rappelle avec bonheur un temps où l'imparfait du subjonctif avait droit de cité, et avec des histoires suffisamment diverses pour en donner une image à la fois précise et variée.