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Les atouts du Diable (Contes Myalgiques - Tome 2)

 
  Dau, Nathalie
Edition : Griffe d'Encre, Collection : Recueil 2010, 287 pages ISBN : 978-2-917718-24-7 18
 

Il y a bien longtemps maintenant, j'ai lu un recueil qui m'a fortement marqué. Un recueil où la magie se disputait la place avec la sagesse de l'homme, ou au contraire à ses nombreuses erreurs. Trois ans plus tard, voici une deuxième facette des Contes Myalgiques de Nathalie Dau. Et ici, les thèmes abordés majoritairement sont centrés sur la mort, et l'empreinte des diables en tous genres. Avec dix-neuf récits, et deux poèmes (qui ouvrent et concluent l'ouvrage), le contenu est bien plus dense que dans le premier opus.

Ce qui m'a marqué de prime abord, c'est la présence de nombreux enfants abandonnés. Que ce soit par l'Église dans Païenne, ou orphelin dans Le goût du miel. À l'inverse, une petite peut être confiée à l'Église par son père, comme dans Quand viendra l'aube. L'enfant peut aussi se sentir abandonné à cause de la mort, comme dans Solamente. Puis il y a cette enfant que sa mère a renié, dans La force du déni, ou encore ces deux autres recueillis par cette troupe de saltimbanques, dans Notre-Dame des Algues, sans oublier le Mahou dans Le saut de l'Ange. Dans tous les cas ou presque, ce sont des cœurs meurtris dont il s'agit.

Parallèlement, Nathalie Dau insiste sur l'importance de l'âme, quel qu'en soit le corps qui la contient (homme, femme, enfant, être fantastique voire carrément des machines, avec le GPS dans Global Punishing System). C'est l'âme pure de Jeannot qui est sauvée dans Knock Knock Knocking on Hell's door. C'est aussi l'âme d'une mère épleurée qui condamne sa bru dans La peau du diable, de la façon la plus cruelle qui soit. Et c'est l'âme d'un demi-dieu dans les Ailes de l'Anaconda qui choisit de suivre le destin des hommes plutôt que celui des siens, en Amazonie. L'âme est aussi le moteur de ce qui donne la vie aux fées, comme Clochette et son petit protégé qui ne croit plus en elle, et qui s'endort à jamais. Pour qui sonne Clochette ? L'âme est-elle restreinte à la vie réelle ? Expérimentée, Nathalie Dau sait que les personnages que l'on crée, notamment lors de jeux de rôles, peuvent-être enclins à prendre le pas sur nos désirs réels. Les personnages ont-ils une âme, ou seuls les joueurs derrière ? C'est ce que Damien s'apprête à découvrir dans Nouveau-Né.

Le mal est développé sous toute ses formes, pour bien nous faire comprendre que le mal absolu n'existe que dans les contes. Rachid pensait-il être poursuivi à ce point à cause de ses vols dans Une petite pièce après l'autre ? De quoi est capable un jeune homme pour retrouver ce qu'il a perdu ? Dans War Seed, c'est l'homme qui est le mal. L'esclave peine devant son maître et bourreau dans La bouche.

Et puis il y a les choses inexplicables, en lien avec le monde des fées. Lise n'est-elle pas attirée malgré elle vers une vie qui lui semble moins difficile que de penser à la perte de son petit ami ? Dans Raven Party en effet, un accident de la route va mener deux amies vers des destins bien différents. Dans Pour Camille, c'est une famille divisée et épleurée qui va devoir faire face à une disparition tragique. Pourquoi donc le grand-père agit-il de cette façon ? N'oublions pas non plus le texte Païenne cité plus avant. Et enfin cette femme, qui accomplit son destin avec humilité, dans Celle qui demeurait.

Pour revenir à l'ensemble, on remarquera que la couverture de ce second opus, toujours signée Magali Villeneuve, répond à celle de la première, comme si les deux femmes représentées étaient le contraire l'une de l'autre, et pourtant les deux faces d'un même être. Mais ce qu'il y a surtout de semblable, c'est que les textes sont toujours aussi rudement bien écrits ! (Et oui, cette fois je n'ai pas oublié de le dire, Nathalie, même si ça se lisait entre les lignes !). Entre les quatorze titres inédits et les cinq issus de volumes précédents, l'auteur a su développer une multitude d'intrigues, de situations et de rebondissements pour étonner son lecteur.

Et pour conclure cette fois, je ne puis qu'espérer qu'un jour, Nathalie Dau arrive enfin à sortir sur papier l'univers qu'elle a à l'esprit depuis plusieurs années. Des textes courts, c'est bien. Un cycle entier, c'est mieux... en tout cas selon mes goûts. Peut-être dans les prochaines années qui sait ?

Ecrite par Garion, le 29 Décembre 2010 à 03:12 dans la rubrique Roman Inclassable .
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