Wolfskin (Tome 1)
		Ellis & Ryp & Pagliarani Edition : Milady, Collection : Graphics 2010, 120 pages ISBN : 978-2-8112-0429-7 12,90 €

Une forêt magnifique dans laquelle les ours pêchent le poisson et où les fauves dorment paisiblement. Dans cette forêt voyage un homme vêtu d'une étrange peau de loup. Il est blond, torse nu et balafré. Deux lames pendent de ses côtés et un marteau de guerre est aussi attaché à sa ceinture. Pourtant, quand des hommes sortent des fourrés, il ne cherche pas les ennuis et propose même d'aller de l'autre côté. Mais les hommes ne l'entendent pas de cette oreille et se jettent sur le guerrier. Même après qu'il a tué le premier d'entre eux, ils ne reculent pas et font tout pour le blesser. En vain. Le dernier resté debout, leur chef, un Noï, pointe une arme à feu sur le guerrier. Mais quand il apprend qu'il est un Peau-de-loup, il se ravise et décide de lui proposer un marché. Puisqu'il a tué cinq hommes dans le combat, il faut qu'il les remplace dans la guerre que se livre les deux moitiés du village.

En effet, l'autre moitié du village est dirigée par le frère du Noï, avec lequel il a un différend. Comme les Peau-de-loup sont réputés être capable de se battre comme des bêtes sauvages, pour peu qu'ils ingèrent leur fameuses têtes noires, le Noï voit là une occasion unique de se débarrasser de ses voisins gênants. Peau-de-loup va accepter le marché. Mais un tel homme peut-il vraiment être manipulé ?

Warren Ellis, accompagné de Juan Jose Ryp, revisite le mythe du guerrier barbare à la mode Conan en lui ajoutant le côté fou furieux du berserk nordique. Ce Peau-de-loup est une véritable machine à tuer. Mais, contrairement à Conan, ou du moins au Conan des films, il n'est pas intellectuellement limité, bien au contraire. C'est d'ailleurs amusant le décalage entre certains dialogues et la montagne de brutalité qui les profère. Bon, ne tournons pas autour du pot, le scénario ne va pas chercher très loin et on en a vite fait le tour. Pourtant, il tient bien en haleine tout le temps de la lecture. Le dessin de Ryp est assez singulier et il faut un peu de temps pour s'y faire. Mais, une fois que c'est fait, on se dit qu'il est le dessin parfait pour illustrer cette histoire.

C'est très détaillé, parfois même trop, mais c'est exactement ce qu'il fallait pour détailler la tripaille qui gicle des entrailles. Et puis, quand on change, comme c'est le cas pour le quatrième chapitre, pour un dessin plus conventionnel, on ne s'y retrouve plus. On ne retrouve plus le côté rugueux qui convient si bien à ce personnage sans concession. On pourra saluer aussi le passage où le guerrier rencontre Word, son dieu, après ingestion des fameuses têtes noires. C'est un passage de grande précision.

Finalement, malgré un thème qui peut sembler limité, la lecture de ce Wolfskin fait passer un excellent moment et ose là où la fantasy n'ose peut-être pas assez souvent.