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Jack Barron et l'éternité |
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Spinrad, Norman Edition : J'ai Lu
2010, 384 pages
ISBN : 978-2-290-02836-0
7,60 € |
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Après sa folle jeunesse estudiantine à tendance gauchiste, aux côtés de Sara, Jack Barron a décidé d'agir en se faisant plaisir et en gagnant de l'argent. Ainsi, il est le présentateur-vedette de l'émission "Bug Jack Barron" (pour les non-anglophones, traduisez "Em**** Jack Barron"). Le principe en est simple : quelqu'un qui estime avoir une raison de se plaindre appelle la régie, et c'est Jack Barron qui appelle qui de droit pour demander des comptes en un débat contradictoire, tout cela en direct, bien sûr. Un jour, un Noir l'appelle pour accuser la Fondation pour l'Immortalité humaine de discrimination raciale, au motif qu'on lui refuse un contrat d'hibernation qu'il aurait les moyens de payer. Voyant là un moyen de donner la parole à son vieil ami Lukas Greene, gouverneur noir du Mississipi, agacé de ne pouvoir joindre au téléphone Benedict Howards, le Président de la Fondation, et surpris d'entendre bredouiller le sénateur proche de Howards, Jack Barron réalise une excellente émission. Tant et si bien que Howards, fou de rage, décide qu'il lui faut trouver un moyen de pression sur lui. Ce classique de la Science-Fiction, dont la première parution date de 1969, a, par certains côtés, beaucoup vieilli. Le style haché, haletant, de morceaux de phrase obsédants, est plus démodé que novateur. Par ailleurs, et très heureusement, la situation des Noirs aux USA a changé, au point même que la Présidence n'est plus de la SF pour eux. Enfin, les personnages de Sara, et même de Jack Barron, voire de Benedict Howards, ont un côté naïf qui vient tout droit du "flower-power". Le même roman écrit de nos jours serait, n'en doutons pas, beaucoup plus cynique, et n'aurait sans doute pas la même fin... à supposer même qu'il se trouve quelqu'un pour l'écrire. D'un autre côté, et contrairement à ce qui arrive fréquemment dans le genre, l'aspect "technique" n'est pas ridicule, et la réalité ne l'a pas encore rejoint totalement, puisque les vidphones ne sont pas d'un usage courant, et que les hibernateurs restent encore à inventer. Et enfin, il y a l'aspect indémodable de l'histoire, trop faustienne pour ne pas avoir, en effet, un petit goût d'éternité. Nonobstant les quelques difficultés de lecture liées au style, je vous le recommande chaudement, fût-ce seulement pour l'aspect "historique", mais aussi pour ses réelles qualités littéraires, notamment sur le plan de la construction habile de l'intrigue.
Ecrite par , le 06 Décembre 2010 à 18:12 dans la rubrique .
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